Sunday 30 July 2006

L'art de la contrefaçon : une histoire de cybersquatting

Durant mes heures perdues, j'officie en tant que co-modérateur (cynique, il va sans dire) du joyeux forum Bonjour Shanghaï. Je dis joyeux, malgré les hordes de francequitombeux qui débarquent au quotidien, car il l'est. Sur Bonjour Shanghaï, le français qui débarque (au sens propre comme au figuré) trouvera des oreilles pour l'écouter, des yeux pour le lire, et des petits doigts boudinés pour le renseigner, répondre à ses angoisses, ou lui confirmer ses pires craintes. Car oui, avant les blogs existaient les forums, et ils n'ont pas encore disparu, loin s'en faut. Evidemment ce forum n'est pas très 2.0, et ce pour une raison très simple. Au début il y eu SamZ, et Samz arriva à Shanghaï et ouvrit un CMS de communication et d'entraide, à destination des francophones, hébergé chez OVH et accessible à travers le domaine bonjourshanghai.com. La partie forum du site fonctionnait avec succès, jusqu'au jour où, censure chinoise ou bricolages d'Octave aidant, le site fut inaccessible en Chine (comme tous les sites en 60GP) : pas pratique. Le forum continua de vivre, mais alimenté uniquement par des personnes en France. SamZ étant injoignable, les modérateurs de l'époque ont pris la décision qu'il fallait prendre vu leurs connaissances web : parer au plus pressé, et ouvrir un forum hébergé sur une plateforme commune accessible depuis la Chine, d'où l'actuel Bonjour Shanghaï. Ce faisant, 60GP fut à nouveau accessible, et les forums de l'ancien Bonjour Shanghaï à nouveau lus par les personnes en Chine : ce fut l'occasion de faire passer le message de visiter désormais le nouveau site.

Voilà pour la petite histoire, à ce jour le nom de domaine en .com a été renouvelé par son ancien propriétaire, qui se trouverait quelque part en Europe de l'Est ; les données et les utilisateurs du forum hébergé ne sont pas exportables, étant donné que la plateforme commune utilise une version modifiée d'un logiciel open source, et prétexte qu'on ne saurait pas utiliser un export de la base de données. Ceci est d'autant plus dommage que désormais nous sommes deux modérateurs à avoir la capacité technique d'héberger Bonjour Shanghaï, mais repartir à blanc, c'est très mauvais.

Ceci par contre ne fait pas peur aux cybersquatteurs, qui ont choisit la méthode très chinoise de la contrefaçon. Il y a quelques jours donc, sort du néant le site bonjourshanghai.net. Ce site, ouvert en même temps ou presque que bonjourdubai.com (quelle surprise, même graphismes), bonjourlondres.com (ooh, nouvelle surprise), et j'ai la flemme de chercher les autres, une chose est sûre, ça s'expatrie fort du côté de Lingosheim, à moins que ce ne soit le nouveau point de chute de nos spammeurs toulousains. Sur bonjourshanghai.net, le vice pousse jusqu'à avoir recopié forum par forum la structure de Bonjour Shanghaï. Une fois le site en place, un "anonyme" prend contact avec nous, les modérateurs, pour savoir si nous sommes bénévoles, et après confirmation de ce statut, nous demande la bouche en cœur si on ne voudrait pas modérer les forums d'"un ami" qu'il "connaît peut-être", qui a ouvert un site dont il nous donne généreusement l'adresse : bonjourshanghai.net. Evidemment, cet ami qu'il ne connaît pas écrit avec exactement les mêmes fautes de syntaxe, d'orthographe et de grammaire que notre anonyme, envoie ses mails depuis le même modem ADSL chez Free dans la banlieue de Strasbourg, et se comporte exactement comme le super utilisateur miraculeusement inscrit sur les trois forums sus-cités. Cet utilisateur miracle, expatrié en même temps à Dubai, Londres et Shanghaï (au moins) (c'est grand la Lorraine quand même), explose le nombre de messages postés en trois jours sur chacun de ces forums. Bref, à Lingolsheim, on ne manque pas d'air. Le plan de nos cybersquatteurs est d'une clarté limpide, et se résume en un mot et deux chiffres : web 2.0. Et oui, la vente d'espace publicitaire en ligne de mire, avec aussi sans doute des liens croisés avec les autres activités de "nos compères", à savoir l'import-export depuis les pays asiatiques pour celle qu'on a retrouvé.

Que faire quand on est attaqué de cette façon ? A la façon d'un dotclear2.com, les "auteurs" de ces faux sites font ça "pour aider", "parce qu'ils faut s'entraider", mais ils ne précisent pas s'ils sont prêts à partager les revenus de cette activité. Evidemment, quel risque à s'attaquer à une petite équipe de bénévoles située à dix milles kilomètres de là ? Pourquoi s'embêter à être honnête quand un bon gros mensonge de commercial pseudo-humaniste est si facile à conserver comme seule ligne de discussion ? Dans les communications avec ces gens (et encore, sont-ils plusieurs ? les noms de domaines ont été créés avec deux noms différents, mais le doute subsiste), la stratégie des épiciers est appliquée à la lettre : trouver le chef, le flatter, le rassurer, lui promettre un bout de lune, le valoriser auprès de son "équipe", etc... Ca marche très bien auprès des jeunes (et vous comprendrez mieux l'âge moyen des employés des SSII), mais malheureusement, c'est une stratégie du Sentier, qui ne fonctionne bien qu'en face à face, et pas avec un adversaire qui a une communication interne pendant la conversation. Malheureusement, tout cela ne nous donnes pas encore de stratégie pour l'avenir, et tous ce que nous sommes en mesure de faire pour l'instant, est d'espérer que Google ne se trompera pas de cible, ce qui dans l'état actuel du calcul du Pagerank est de mauvaise augure.

Tuesday 18 July 2006

Idées de noms pour un site de racolage

Dirigé par une âme inconsciente vers cette brève, sur un site qu'on appelle aujourd'hui blog, parce que, malheureusement, l'effet foule intelligente fait que la taille du lexique des personnes sus-citées reste constant : un mot y entre, un autre doit en sortir. Cette brève, abusivement intitulée "Sony extermine les UMD vidéo", explique donc que les magasins ont, de leur propre initiatives, commencé à retirer les UMD vidéos de leurs surfaces de vente, jusqu'à aller sans doute à une absence de distribution définitive, comme ce qui était arrivé (mais sur une période beaucoup plus longue) aux MiniDisc préenregistrés. Mais stoppons là la digression. En examinant de plus près cette page, on trouve les liens suivant :

  • abonnement par Bloglines (Lignesblog)
  • abonnement par Newsgator (Alligatornouvelles)
  • indicateur de chaleur du "blog"
  • blinkbits favori sur BlinkBits (ElémentsBinairesClinDŒuil)
  • BlinkList favori sur BlinkList (ListeClinDŒuil)
  • blogmarks favori sur BlogMarks (BlogSignets)
  • co.mments suivi de commentaire sur co.mments (co.mmentaires)
  • connotea favori sur Connotea
  • del.icio.us favori sur del.icio.us (dél.icie.ux)
  • De.lirio.us favori sur de.lirio.us (dé.lira.nt)
  • digg lien sur Digg (Crreuse)
  • Fark lien sur Fark (Partain)
  • feedmelinks favori sur Feed me links (Nourris moi liens)
  • Furl favori sur Furl (Eurl)
  • LinkaGoGo favori sur LinkaGoGo (LienaGoGo)
  • Ma.gnolia favori sur Ma.gnolia
  • NewsVine lien sur NewsVine (NouvellesVigneVierge)
  • Netvouz favori sur Netvouz
  • RawSugar favori sur RawSugar (SucreNonRaffiné)
  • Reddit lien sur Reddit (Lailu)
  • scuttle favori sur Scuttle (Ecoutille)
  • Shadows favori sur Shadows (Ombres)
  • Simpy favori sur Simpy (Simpement)
  • Smarking favori sur Smarking (Smarquant)
  • Spurl favori sur Spurl (Urlsp)
  • TailRank lien sur TailRank (RangTraine)
  • Wists favori sur Wists (Listhaits)
  • YahooMyWeb favori sur YahooMyWeb (YoupiMaToile)

En dehors de ce débordement de services similaires, jusque dans leur marketing (produits en beta, microformat, social, foule intelligente, tout ça tout ça), on peut être effaré par la ``qualité'' des noms trouvés. Devant notre génération kitombeut, on peut encore une fois avoir de l'espoir en un avenir au moins aussi bon que le présent. En même temps, le but de tous ces services est avant tout de servir le Pagerank, qui on le sait n'est pas l'indice de pertinence d'un site, mais sa capacité à rentabiliser de la publicité.

Et puisque l'anglais semble rester la langue de choix pour les noms crétins, lançons des contre-propositions en bon français des familles :

  • Fouettr : pour faire chauffer les liens
  • Chouxflr : l'aggrégateur social 2.0 pour microformater les recettes de cuisine
  • saint.glingl.in : application sociale 2.0 de gestion de projet, développée en ASP.net
  • DiamantBrut : la crème des pages web, sélectionnée dans un grand moment de non-communication par des anonymes recrutés dans les sections jeunes de l'UMP et du PS
  • Hâblr : blog indépendant des entrepreneurs
  • benzo.diazepi.ne : l'aggrégateur social des liens cool, sans Ajax, parce qu'il ne faut pas que ce soit trop réactif
  • inno.vati.on : le gestionnaire social de favoris étiquettés, pour les commerciaux et les crosoftiens

Si avec ça on ne redevient pas les leaders mondiaux...

Offre commercial d'OR

Bonjour

Salut

C'est une véritable opportunité pour moi d'avoir vos coordonées,

Vous n'êtes pas doué, plus de 200 messages de personnes de votre acabit m'arrivent quotidiennement.

ce qui d'ailleurs me permet de vous adresser ce message à titre d'une rentable proposition.En effet, je suis un négociant,métreur génie civile en contact avec le monde des affaires.

Ca, on se doute bien que vous n'êtes pas en contact avec le monde de l'orthographe.

C'est ainsi,il y a exactement quelques mois, j'ai reçu la visite d'une association des orppailleurs(fournisseurs d'or)des regions aurifères d'un pays ici en Afrique de l'ouest dont je préfère garder le nom pour raison de confidentialité.

Il y a exactement quelques mois ? Tant de précision m'étouffe. Enfin bon, si les associations vous rendent visite, c'est que vous avez certainement un cœur d'or (hu hu hu).

Ces derniers disposent de 550kg d'or pures de première qualité.

De l'or pur ou de la purée Vico Or de première qualité ?

Alors actuellement nous recherchons un acquereur ou un partenaire crédible permanent ou non pour la réexportation du produit.

Je suis très crédible, mais pas crédule. Et vous ?

les fournisseurs ne reclament aucune somme à titre de payement ni d'avance.

Des vrais samaritains ces associés, ils n'auraient pas une ascendance italienne par hasard ?

Cependant, le partenaire se chargera tout simplement de nous rechercher un acquereur pour intèrêt raisonnable et le montant total de vente de la marchandise serait payé par ledite acheteur après résultat de la raffinerie(fonte,essaie,raffinage) fait dans le pays de réception de la marchandise.

L'acquéreur paye, ça c'est acquis, mais qui bénéficie de l'argent au final ? Et quelle est cette histoire d'intérêt, encore un coup du gagnant-gagnant ? Il n'a pas fini de sévir celui-là.

Au cas ou mon offre vous interresserait,veuillez me contacter le plus tot que possible et pour d' amples explication par mon e-mail

Si quelqu'un est intéressé, je transmettrais, bien évidemment.

Dans l'espoir de parvenir à un véritable partenariat d'affaire fructueuse recevez mes meilleures salutations.

Hmm, en fait tu as fait HEC... la mauvaise orthographe et la grammaire douteuse feraient donc bien parti du cursus...

A.TRAORE

A.TESSOUAI

Monday 26 June 2006

Pourquoi 240 ?

Pourquoi pas 218 ?

Torpedo parlait récemment d'un cabinet de conseil pour actionnaires (Proxinvest) qui prônait une mesure forte : limiter le salaire des patrons à 240 SMIC. Comme quoi, les cabinets de conseils sont parfois assez avant-gardiste. Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique, Yvan rapporte que les chefs des grandes entreprises américaines ont gagné, en moyenne, 262 fois plus que leur salarié de base. S'il y a quelques années on glosait avec des histoires droles avec Bill Gates ne s'arrêtant pas pour ramasser un billet de 100 dollars, perdant de l'argent en consacrant son temps à se pencher plutôt qu'à travailler, le problème aujourd'hui est qu'on passe d'une singularité à une généralité. Evidemment, le raisonnement avec Bill Gates est tout à fait faux (on parle de raisonnement libéral, qui est en soi un oxymore), mais les proportions prises par le phénomène sont impressionantes, à défaut d'être inquiétantes. Dans la dépêche liée par Yvan, l'évolution est comme suit :

AnnéeEcartAccroissement moyen
196524
197835+ 0,85 point/an
198971+ 3,27 point/an
2005262+ 11,94 point/an

La proposition de Proxinvest est donc que les conseils d'administration n'autorisent pas une rémunération des dirigeants non fondateurs supérieure à 3,5 millions d'euros par an, soit 240 SMIC, ceci dans un but de protection des entreprises. Si le montant peut paraître énorme (23 millions de francs, brut annuel), il est déjà dépassé largement en France (366 SMIC en 2004 en moyenne pour les patrons du CAC 40) et aux Etats-Unis. La question demeure, d'où vient ce 240 ? Aux Etats-Unis on compte 260 jours ouvrés, en France, avec 5 semaines de congés payés et les jours fériés, nous avons 218 jours travaillables hors week-ends. De ceci on peut en déduire que cela correspond au nombre de jours qu'un grand dirigeant travaillera dans l'année, en faisant l'impasse sur quelques jours de congés. Et tous les jours de travail, il pourra aller voir un de des employés SMICard, et lui dire "aujourd'hui, je vais gagner ce que tu vas avoir pour l'année". Il le pourra, mais il ne le fera pas, parce que le temps perdu à parler avec un de ses employés pourrait être bien mieux employé à... ah non, ça ne s'applique pas la rémunération est fixée. Peut-être le fera-t-il alors ?

Thursday 13 April 2006

Assistés, vous avez besoin de plus d'assistance

A l'heure où la mode est de dénoncer l'assistanat, les retraités et les jeunes, un jeune se lance dans un mode très libéral dans le renforcement de l'assistanat (via Embruns). Son concept est le suivant : les français ne changent en moyenne pas assez souvent de brosse à dent, pourquoi ne pas les assister dans cette démarche en leur envoyant une nouvelle brosse à chaque fois qu'il est temps d'en changer. On a le droit de parler d'innovation, le mot est de toute façon tellement galvaudé dans notre bulle 2.0 (depuis -1.0 d'ailleurs) qu'il a perdu toute substance. Le concept même est de profiter de l'irresponsabilité des gens afin de leur vendre un service qui vise à combler ce qu'on pourrait appeler par ailleurs, un manque de savoir-vivre.

Si l'on se replace dans le grand schema patronal des choses, que j'ai d'ailleurs côtoyé mardi dernier sous la forme d'un cadre dirigeant d'un grand groupe industriel français, c'est de la faute de l'Education Nationale, et en particuliers des facultés qui ne font pas leur travail. Il fut relayé par un confrère qui asséna que les français n'avaient pas "les bases", qu'un français ne savait "rien faire", alors qu'un chinois était immédiatement employable. Il faut reconnaître que les chinois ont une capacité étourdissante à répondre par l'affirmative quand on leur demande s'ils savent faire telle ou telle chose. Le français aura lui plus tendance à mettre en doute ses capacités, risquant même, oh impolitesse suprême, à demander une formation rigoureuse. Cette comparaison est certes un peu caricaturale, mais il faut bien se mettre à un niveau d'explication accessible à un libéral. Vous vous doutez bien que demander des précisions sur ce qu'étaient ces fameuses bases n'a apporté qu'une moue de stupeur ; quand l'interlocuteur est habitué à procéder par raisonnement dit "évidemment inductif", il lui est bien difficile de valider les étapes. Ce manque de savoir-vivre, de savoir-être en entreprise, n'est donc absolument pas lié aux entreprises et à leurs investissements ridicules dans la formation, la recherche et les coopérations avec l'enseignement. Anecdote amusante, ce cadre à haut potentiel qui reprochaient à tous ces français incultes de lui envoyer des CV alors qu'ils ne parlaient pas chinois, ne parlait lui-même pas chinois, n'était pas très à l'aise avec des baguettes, et n'a quasiment pas touché aux plats qui défilaient, comme si on lui présentait je ne sais quelle nourriture réservée au bas-peuple.

Pour en revenir donc à nos brosses à dent, la volonté est donc d'enferrer les français dans un assistanat endettant, de rentrer en conflit avec les actions d'éducations qui contrent ce modèle économique, tout ça pour dire au final : ils sont trop assistés, ça nous a perdu, je vous l'avait bien dit, c'était évident. Comment ça c'est tiré par les cheveux ?

Monday 3 April 2006

Pleurons ensemble mes frères

Une petite réaction sur l'avis du Dernier Exilé à propos du CPE, et des arguments déployés soit dans la tirade, soit dans les divers commentaires qui ont suivi. Un peu de contexte pour ceux qui ne connaissent pas le DE ; c'est un jeune français expatrié au Japon pour la seule et bonne raison d'avoir trouvé du travail là-bas. Et un peu de contexte pour ceux qui ne connaîtraient pas ce blog, je rappelle les règles de base de l'expatrié non-packagé français :

  1. une fois la métropole quittée, le bouclier qui obscurcit la raison disparaît
  2. corollaire de la première règle : vous êtes en France, donc vous ne pouvez pas comprendre ce qu'il s'y passe
  3. Paris c'est la France, et la France c'est Paris
  4. en France j'étais persécuté, personne ne me donnait ma chance
  5. je ne reviendrais pas en France, c'est l'unique pays au monde qui n'a rien compris

Les bases de la réaction étant posées, allons-y après une dernière remarque : je suis un lecteur/visionneur assidu du Dernier Exilé. Citations :

Je ne comprends pas pourquoi des étudiants, qui vont avoir des bac+5, bac+6, bac+4, qui vont forcément sortir de l'université après 26 ans, se préoccupent de ce contrat, que jamais ils n'utiliseront.(vidéo)

18 + 6 = ?. Attention, si vous ne réussissez pas cette addition, il y a peu de chances que votre commentaire soit accepté. Admettons que vous vouliez faire un bac+6 avec déjà deux ans de retard (ou tergiversations, tout le monde sait que les conseillers d'orientations c'est fait pour les nigauds)... admettons que vous fassiez un bac+4 avec 4 ans de retard... admettons que vous fassiez un IUT avec 6 ans de retard. Donc voilà, vous êtes diplômés donc non concernés. D'ailleurs, le RMI commence aussi à 26, pure coïncidence ? On le verra par la suite.

Enfin, les gens qui ont vraiment besoin du CPE, et qui sont des gens qui n'ont ni qualification, ni diplôme, ni bac, ni BEPC, ni rien, ces gens là, eux ne manifestent pas dans la rue, parce que eux, ils taffent justement. Et quand on taf', on ne peut pas se permettre d'aller manifester, on ne peut pas se permettre de perdre son job, surtout quand on est dans un vrai état de précarité.(vidéo)

Voilà, les gens qui ont vraiment besoin d'un contrat de travail travaillent déjà. Logiquement donc, le RMI c'est pour les diplômés qui ne se bougent pas les fesses pour trouver du travail, et le CPE pour les jeunes qui ont un travail. Et ils ne peuvent pas aller manifester parce que leurs patrons vont les virer s'ils se mettent en grève, ce qui est évidemment complètement illégal. Mais les patrons les vireraient-ils vraiments s'ils allaient manifester ?

Quel interêt a un patron à virer ? Il n'y a qu'un seul cas où le patron y a interêt... sauver son bateau et le reste de ses employés, tu sais combien ça coûte de miser sur un employé que tu embauches surtout sur une première embauche ? Donc peu ou pas de qualif, plus aucune expérience, ca veut dire que les 6 premiers mois le jeune ne sera pas productif, tu crois que je vais claquer un salaire pendant 6 mois pour le fun ? Toi tu miserais 10000 ou 20000 euros (ursaff, charge, impôts, marges, pertes comprises) sur ta pomme? Le patron lui il le fait, alors c'est pas pour te virer et jeter tout cet investissement à la poubelle... (commentaires)

Donc en fait non, le jeune précaire qui a un travail ne risque pas de se faire licencier de manière illégale, sinon ce serait jeter l'investissement à la poubelle.

Alors je sais, je vais recevoir des tas de commentaires de gens qui vont me traiter de tous les maux, mais, très sérieusement : on est le seul pays dans le monde à faire ça. Les gens disent : on se fout de ce que les autres pensent de nous. Vous ne comprenez pas un truc : notre économie est une balance. Si personne n'a envie de s'installer chez nous, de travailler avec nous, d'importer avec nous, d'exporter avec nous, parce qu'ils savent qu'au moindre café qu'il manque dans la machine, à la moindre connerie, tout le monde fait grève pendant des jours, et paralyse l'économie de notre pays, personne ne va investir chez nous. (vidéo)

Par un glissement sémantique tout à fait audacieux, les lycéens et étudiants futurs chômeurs sont devenus "tout le monde", excluant de fait notre plus jeune précaire de "tout le monde".

Non sérieusement, réfléchissez juste deux secondes. Les gens, les présidents et les grands décideurs en particulier, ne croyez pas que les mecs regardent des milliards de statistiques pour savoir s'il faut s'installer en France. (vidéo)

Maintenant vous avez vous aussi compris le métier de décideur. Selon les choix de décision il vous faut : une pièce, un dé à six faces, un dé à douze faces ; cela devrait suffire dans la totalité des cas. Car les décideurs n'ont pas besoin de connaître, les décideurs n'ont pas besoin de se renseigner, les décideurs ont juste besoin de décider, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît.

Non, ils regardent l'état dans lequel le pays se trouve, ils voient que dès qu'il y a une connerie, dès que les gens ont peur... Parce que, il ne s'agit que de peur, les gens sont dans la rue parce qu'ils ont peur, ils ne savent même pas si ça va marcher, ils ont juste peur. A cause de la peur, les gens vont dans la rue et ils bloquent le pays plusieurs jours. Moi je suis un patron étranger, jamais je n'irais travailler en France. Je ne vais pas travailler en France alors que le moindre moustique, la moindre souris fait peur à tout le monde. (vidéo)

Corollaire au commentaire précédent, le décideur en plus d'être un abruti est masochiste. Le décideur aime la caresse de la lanière de cuir sur ses petites fesses potelées, le décideur aime mordre à pleine dents dans une boule de caoutchouc tandis qu'il plisse les yeux de douleur, le décideur aime avoir une batte de base-ball dans le... mais je m'égare. Toujours est-il que l'étranger a vu l'an dernier "la France en feu" grâce à l'excellence de certains reporters, et cette année on a droit dans le Shanghai Daily au point quotidien sur les manifestations ; si seulement ce journal couvrait aussi bien les révoltes dans les provinces chinoises, on les prendrait peut-être plus au sérieux. Evidemment, ça surprend les chinois de voir des gens essayer maladroitement de revendiquer pour dire que leurs voix comptent, et cela surprend même les autres français d'ailleurs. C'est vrai que le concept même d'initiative populaire apparaît suranné.

Aujourd'hui, moi je suis parti de France parce que je sais qu'il n'y a pas de travail pour les gens comme moi, que les gens n'avaient pas envie d'embaucher quelqu'un comme moi. Moi si on m'avait proposé deux ans d'essai, je les aurais pris. (vidéo)

Donc les gens ne veulent pas de lui, mais si on lui propose deux ans d'essai il prend. Mais si les gens qui ne veulent pas de lui lui proposent deux ans d'essai, cela signifie quoi ? Ah, qu'ils ont à la flemme de passer chez Adecco prendre un intérimaire ? Exactement.

Des patrons dégueulasse, il y en a c'est vrai. Mais, ça n'est rien, c'est 5% de tous les patrons qui existent ? Il ne faut pas déconner, des patrons qui se payent des couilles en or, il y en a quoi ? 10 dans toute la France ? (vidéo)

Evidemment, si on compte les patrons en France et pas ceux qui ont lâchement fuis leurs droits civiques (de la bonne graine d'expatrié encore), ça réduit le nombre. Mais dix ? C'est le pauvre Bernard Arnault qui doit être déçu d'avoir invité des pauvres des milieux de la finance au mariage de sa fille, pourtant, c'était un mariage de bonnes familles.

Et un employé qui reste comme ça, qui ne veut pas se défoncer, surtout pour une première embauche, je parle d'une première embauche, d'un type sans expérience, sans qualifications. Car il faut l'admettre, quand vous sortez d'études, vous n'avez pas de réelles qualifications, vous avez des bases, mais ce ne sont pas des qualifications d'expériences pro, vous n'êtes pas sur le terrain. (vidéo)

C'est aussi pour ça qu'on a des armées de stagiaires payés au lance-pierre, quand ils sont payés. C'est pour avoir une expérience professionnelle qui ne coûte pas cher aux entreprises.

Moi on m'aurait proposé un CPE j'aurais sauté dessus, sans hésitation, parce que je sais qu'au bout de deux ans j'aurais un CDI. Et ouais, parce que je me serais défoncé le cul. (vidéo)

Je laisse là une partie de mon lectorat se délecter. Pendant ce temps, je rappelle aux autres que le harcèlement sexuel est puni d'amende, et plus si non-affinité.

Maintenant il faut savoir si on a envie de rester dans son bled paumé, dans son sud de la France ou je ne sais pas où à côté de sa famille, qu'on n'est pas prêt à se bouger les fesses, ça ne peut pas marcher. Aujourd'hui, c'est la réalité. C'est la mondialisation, c'est le marché global, et nous avons besoin de nous retrouver dans la vraie réalité ; de comprendre quelle est la situation, de se dire "bien voilà, le monde est dans cet état et c'est à moi de m'adapter à lui, le monde ne peut pas s'adapter à nous." Et je peux vous dire que tous les pays de la Terre ne s'adapteront pas à la France ; que si la France ne s'adapte pas aux pays de la Terre, on va se retrouver dans l'état de l'Espagne ou du Portugal, et croyez-moi, ce n'est pas très enviable. (vidéo)

Ha, le spectre de la mondialisation. Mais qu'est-ce-que la mondialisation ? La mondialisation c'est l'amélioration des infrastructures de transport et de communication qui permet à l'occidental d'acheter sans la moindre arrière pensée des produits fabriqués à l'étranger par des adultes faisant vivre leur famille en étant payés 10 centimes d'euro de l'heure. La mondialisation c'est le déplacement des industries primaires chez le moins cher, et une fois qu'il n'est plus le moins cher tout redéplacer. Avec un cycle itératif de cette qualité, le Soleil existera peut-être encore quand les écarts de niveau de vie sur Terre seront insignifiants, mais il faudrait être économiste ou astrologue pour en être sûr. Revenons en au vif du sujet : adapter la France aux pays de la Terre. Ca peut-être rapide : détruire quelques routes, quelques maisons, faire péter la Défense, brûler quelques forêts, déverser quelques tonnes de mercure dans nos champs... ça doit être faisable.

Travaillez, donnez vous les moyens devenez les patrons de demain et changez la globalisation, et là je serais d'accord, mais si ton ambition à toi et d'être juste un simple employé, je crois que tu ne pourras choisir que ce qu'il y aura et pas ce que tu veux... (commentaires)

Si tu ne veux pas être un seigneur, tu n'as pas à te plaindre d'être un serf ! Là on nage en plein délire d'épiciers ! Ce sont un peu les effets de bord de la mondialisation, le travail c'est la vie, et la vie c'est le travail. Effectivement c'est une condition sine qua none de la prédéctibilité des agents chère aux libéraux, mais heureusement, la vie n'est pas comme ça. Enfin, ne plaignons pas non plus tous ces gens qui ont pour seule ambition d'être simple patron, ce n'est pas de leur faute s'ils n'ont pas de profession.

Friday 3 March 2006

Question existentielle

Une fois qu'une action est en bourse, pour une entreprise, ça sert à quoi d'avoir un cours élevé ? C'est juste pour éviter de se faire racheter ?

Le pourquoi de la question : DoCoMo shareholders demand more dividends.

Wednesday 26 October 2005

Avocat : Régis Turrini

Notre sophiste du jour s'est illustré dans Libération, dans un article sobrement intitulé Le Roi-Soleil patauge chez l'Oncle Sam. Maître Turrini nous explique que les français, tous guindés de leur supériorité intellectuelle et culturelle, sont en fait trop arriérés pour comprendre les américains. La démonstration en elle-même est assez éblouissante. Morceaux choisis.

Il en résulte la conséquence que l'analyse, qui s'inspire d'une seule valeur, la pax europeana, en néglige d'autres et choisit une interprétation parmi d'autres. En particulier, la dimension tragique de l'Histoire est niée par la lecture française des événements.

Ce paragraphe arrive après l'explication montrant que la paix européenne (qui s'arrête par ailleurs bien vite, voir l'ex-Yougoslavie, la chute du mur de Berlin, l'Irlande du Nord, le pays Basque, etc...) est tout sauf une évidence, et que nous l'avons d'une part oublié, et d'autre part que nous sommes incapables de penser hors de ce cadre. Ceci nous mène donc à "nier la dimension tragique de l'Histoire"... c'est-à-dire ? Les français voient les millions de morts de la première Guerre Mondiale comme les prémisses des garden-parties Elyséennes ? Les collabos comme les ancêtres des CRS, ces joyeux loufoques aux parties de tarots endiablées ? Les KZ comme un exemple pour les centre aérés ? Quelle est cette "lecture française" dont maître Turrini nous parle ? Et ça continue.

Face à la violence, la France demeure stupéfaite, hébétée. Elle n'accepte pas la réalité dans sa nudité sauvage, elle ne peut pas se borner à constater. On veut se rassurer contre la brutalité des faits, mais les faits sont angoissants. On s'en épargne le poids en se réfugiant dans l'univers sécurisant des certitudes de l'idéal démocratique.

Hébétée on vous dit, pendant les attentats islamistes en France, nous sommes restés terrés, attendant sagement que les méchants terroristes reviennent à la raison et respectent nos processus démocratiques, bien sûr. Là encore, quelques exemples auraient été bienvenus, surtout en cette période de procès au sujet des écoutes téléphoniques de l'Elysée, et quelques années seulement après des barbouseries ratées en Corse, et quelques jours après des négociations opaques pour libérer Chesnot et Malbrunot. Et que dire des discussions autour de la constitution Européenne, de la Turquie ? Où est l'idéal démocratique ? Dans la minorité de blocage ou dans les lois passées en sous-marins (un grand merci à la Pologne) ? Nul n'a oublié que la démocratie est un exercice de pouvoir et de contres-pouvoirs, et en tant que tel est en déséquilibre permanent, en quête de soutien, et parmi ceux-ci, la force.

Bref, il y a tout lieu de penser que la différence entre l'Amérique et la France ne cessera de se creuser à en devenir insurmontable. Cette idée représente d'ailleurs déjà l'opinion de la plupart des Européens, et on y sent percer tout le dépit des anciennes puissances coloniales qui sont obligées d'admettre que le peuple qu'elles ont engendré porte en lui quelque chose sur quoi elles ne sauraient avoir aucune prise.

Nous en arrivons à l'argument ultime des sophistes (d'ailleurs repris très souvent par nos collègues libertariens) : les autres ont compris ! Combien ? On s'en fiche ils ont compris et pas nous, c'est un fait. N'espérez pas trouver le début d'une quantification, la référence d'une quelconque étude, les moulins à vent n'ont pas besoin de tout ça pour fonctionner. L'autodestruction se poursuit avec cette référence au passé colonial, ce qui se rapporte particulièrement mal au cas des relations franco-américaines. Les colonies françaises sur le territoire Nord-Américain avaient en effet peu de choses à voir avec les colonies africaines ou asiatiques, celles-là mêmes qui représentent à la fois la puissance coloniale, et à la fois les conséquences de sa disparition : guerres, pauvreté, abandon (tout ça dans le cadre de la "lecture française des événements" bien évidemment). Ceux qui sont concernés par cet argument colonialiste sont les anglais. Mais, heureusement pour eux, ils ne sont pas français, donc ils savent, du coup ils ne sont plus concernés par l'argument. A moins que l'auteur ne les considère pas comme des Européens ? On pourrait continuer encore longtemps, mais terminons sur cette phrase.

Mais tant que les Français s'imagineront qu'il n'existe qu'un seul type d'homme civilisé, qu'il n'y a qu'un Occident, nulle entente ne sera possible.

Les français, qui c'est bien connu, tentent d'imposer leur modèle de civilisation à l'étranger à l'heure actuelle, leur Code Civil, leur modèle institutionnel et tout ça tout ça. Quand on arrive à ce degré d'obscurantisme anti-français, ce n'est même plus de la mauvaise foi.

Friday 9 September 2005

La meute en chaleur

Un micro-dé de blogopatate est tombé dans la friture aujourd'hui. La recette est simple : prenez un troll, involontaire parce que sinon c'est beaucoup moins intéressant, et prenez un habitué des réactions épidermiques, qui plus est habité par La Vérité, accompagné par son fidèle employé qui vient assurer la partie "tirs croisés".

Première partie, l'article trollien, en résumé ça donne ça :

Contexte
  1. En ce moment les "standards web", c'est hype
  2. Cas d'étude : réalisation d'une application web dans des conditions bordéliques
Constats
  1. Pas de méthodologie associée à XHTML/CSS
  2. Fragilité de la mise en page en XHTML/CSS quand on fait évoluer les pages
  3. Pas de logiciel abouti d'édition visuelle qui gère correctement le positionnement
  4. La documentation autours de ces standards, (a contrario du cas de PHP) n'est ni centralisée, ni homogène, et est centrée sur le pourquoi et pas sur le comment
Déductions
  1. Il est nécessaire de définir une méthodologie pour ces standards, alors que cela ne l'était pas pour les versions précédentes
  2. Ces standards sont destinés à des techniciens et pas au quidam qui cherche à faire sa page
  3. La promesse de séparation facile du fond et de la forme est non tenue
  4. La promesse de la diminution de coût est non tenue
  5. L'absence d'outil est handicapante
Conclusion : les "standards du web" seront formidable quand
  1. Il y aura une véritable documentation (technique et pratique)
  2. Il y aura une méthodologie validée et applicable
  3. Il y aura des outils qui apporteront un plus par rapport à un éditeur de texte avancé
  4. On arrêtera le zélotisme du 100% positif

Ce que dit Luc Saint-Elie est en fait extrêmement simple. En introduisant plus de rigueur dans HTML et avec l'introduction d'un véritable contrôle sur la mise en page, couplé et découplé de la structure du document, on fait un bond en avant dans les connaissances requises pour une mise en œuvre propre. Deuxième message, cette rigueur introduit une nécessité de structuration qui s'accomode mal aux projets pour lesquels la structure est très changeante. Troisième message, pour accompagner un tel changement (d'un système qui a une grande tolérance envers les destructurations à un système sans pardon), il paraît indispensable d'avoir une méthodologie sur laquelle s'appuyer.

Présenté comme ça, ça tient debout. Mais, je n'ai pas mentionné un point futile mais néanmoins fondamental : il s'est attaqué à Nvu, et ça, c'est strictement interdit, ça fait parti des règles non-écrites de ce bout de blogopatate. Nvu est un logiciel d'édition visuelle de pages web, que je n'utiliserai personnellement pas tant qu'il n'y aura pas de possibilité de travailler correctement en mode mixte source/visuel. Bref, parler de ce logiciel (pas en bien) amène immanquablement les foudres de D. Glazman, qui en général en profite pour faire l'intégrale, non sans prouver contre son gré les points de son adversaire du jour. En effet, il se vante d'avoir utilisé Nvu pour générer du code non seulement non standard, mais en plus faux au niveau sémantique, sous prétexte de gagner quelques clics : quand un défenseur des standards ne les met pas en oeuvre pour des raisons de temps ou des raisons techniques, il y a un problème.

Deuxième partie donc, riposte, en résumé :

  1. Les "standards web" ça fait économiser de l'argent sur les gros serveurs web
  2. Les "standards web" ça n'est pas hype, un article qui le dit est un article à jeter
  3. Il ne faut pas mettre XHTML/CSS/PHP/JSP dans la même phrase, l'auteur confond tout
  4. Je ne comprends pas le second degré, il y a des spécifications, il y a une méthodologie mais elle cachée dans les spécifications, l'auteur n'a rien compris
  5. Les standards du Web permettent de séparer les différents process composant les pages.
  6. Il y a une différence entre un projet bien mené et un projet mal mené
  7. Luc Saint-Elie est incompétent et bête, et en plus il dit qu'il est journaliste, donc il est inexcusable.
  8. Luc Saint-Elie est tellement ridicule qu'il n'est pas nécessaire de l'enfoncer.
  9. Luc Saint-Elie parle du PHP pour sa documentation, je vais donc répondre sur un point qui n'a rien à voir.
  10. Luc Saint-Elie dit que l'essentiel des sites sont essentiellement axés sur le prosélytisme et pas sur les cas pratiques, c'est stupide, décidément il n'a rien compris, il suffit d'écrire en conformité avec les standards qu'il faut avoir lu.
  11. Avec les outils logiciels, on écrit des pages aux standards sans s'en rendre compte, c'est à la portée de l'utilisateur lambda. D'ailleurs regardez ma réponse, c'est parce que je ne suis pas un utilisateur lambda qu'elle n'est pas conforme.
  12. Les clients de Luc Saint-Elie n'acceptent pas un travail fait un peu plus lentement et intelligemment.
  13. Beaucoup de gens pensent le contraire.
  14. Pour nous les coûts sont diminués, donc si les coûts ont augmentés sur ton projet c'est que tu ne t'es pas documenté.
  15. C'est moins cher parce que c'est plus cher au début mais quand la structure est en place ça va vite après et tu économises. Ton projet est tel que quand la structure est en place, c'est la fin du projet ; mais le raisonnement s'applique quand même.
  16. Luc Saint-Elie a pété un plomb. Comme il ne sait pas, il dénigre de façon minable. Il n'a rien vérifié, tout le monde peut le faire, mais pas lui parce qu'il exerce la profession de journaliste.

Acte manqué

D. Glazman avait là une bonne occasion de faire un article de fond pour le blog collectif inFoRmatique, avec en thème la nécessité de la formation et de la veille technologique dans le domaine des services informatiques, ou alors sur la perception de la communication autour des standards, ou encore comment dépasser la publi-information pour faire prendre conscience aux décideurs du sérieux de la chose informatique, brefs, toutes sortes de thèmes dans lesquels peut s'inscrire la réaction de L. Saint-Elie confronté à une nécessité d'acquisition de connaissances disproportionnée par rapport à la publicité qui est faite autour. L'occasion a été enterrée en grandes pompes.

Evidemment, D. Glazman n'a pas le monopole du dénigrement facile, ce qui n'empêchera pas certains autres zélotes d'être plus mesuré. Au final, et pour en revenir aux mantras actuels de la blogopatate, source universelle d'une démocratie retrouvée, de l'expression non biaisée des idées, avec une réactivité immédiate et mesurée, tout cela poussé par la foule intelligente ; au final donc, que va-t-il rester ? On va retenir que L. Saint-Elie s'est fait flammé et qu'il l'a bien mérité parce qu'il a comparé PHP à HTML. Enfin on va retenir ça une semaine. Dans deux semaines on va retenir que L. Saint-Elie est contre les standards du web. Dans trois semaines on sera sûr que L. Saint-Elie est contre le web. Foule intelligente on vous dit.

Saturday 3 September 2005

Le clan des blaireaux

Après embruns.net c'est standblog.org qui s'enfonce dans la spoliation de la fin du tome 6 d'HP. Le standblog est censé discuter des standards du web... j'en conclus donc que le mépris du lectorat est un standard du web. Et au passage, un extrait d'un commentaire d'Eolas sur embruns.net (22 août 2005, post 002766, commentaire 12, pas de liens vers les méchants aujourd'hui) :

Relayer les spoilers, fût ce au nom du plaisir de se faire haïr que prétend le capitaine (il n'y a qu'à voir avec quelle jubilation sereine il a accueilli les salves fielleuses des sbires de Paris Blogue-t-il en son temps, ou comme il se délecte stoïquement des propos homophobes...) ou de la lutte contre le démon capitaliste (horreur : elle vend des livres, vous vous rendez compte ?) ou de l'hydre marketing (horreur : elle en vend beaucoup, vous vous rendez compte ?), relayer ces spoilers, disais-je, cela reste un comportement méprisable, je pèse ce mot. Il n'a pour seul objet que de ruiner le plaisir d'autrui, plaisir qui ne vous nuit ni ne vous coute rien.

Merci maître.

Notons au passage la réponse de Tristan :

A propos de la mort de XXX, ça fait 6 semaines que l'info est publique, relayée dans toute la blogosphère et ailleurs : XXXX

"L'info est publique"... c'est une belle phrase, on y retrouve toute la problématique de la diffusion de l'information : source, destinataire, moyen, motif ? Elle est publique, et "relayée dans toute la blogosphère". "Toute la blogosphère", n'oublions pas que nous sommes dans un âge où selon certains pontes, internet, c'est la blogosphère, et réciproquement. Donc voilà, c'est sur internet, donc il ne devrait pas y avoir de problème à le diffuser, tout le monde le fait. A part le fait de retrouver là toute la dialectique du pirate en herbe (qui, il est vrai, est très limitée), on peut s'étonner de la globalisation subite de la blogosphère, qui revêt ici l'aspect de La Blogosphère. On ne va pas revenir aux classements fumeux genre Top Truc Technorati, ou tous ces happenings avec les grands noms de La Blogosphère dont je ne connais pas les trois-quarts (si ce n'est plus) : La Blogosphère, ça n'existe pas. Le Blogopatatoïde peut-être, si on arrivait à montrer que l'ensemble des blogs ne forme pas un espace incohérent... et encore. La blogosphère, c'est sympa à sortir dans les soirées mondaines et à écrire dans ses ouvrages de vulgarisation, mais ça fait autant rire que la pagepersosphère ou la nukesphère ; personne n'avait tenté le mot à l'époque, et pourtant, c'est la même chose.

Un blog c'est quoi ? Dans la bouche du néo-bloggeur, ça n'est pas un weblog, même si un weblog a le droit d'être un blog, car tout à le droit d'être un blog, encore un héritage du communisme : et toi aussi, tu seras un camarade. Mais pour toi lecteur, qu'est-ce que la blogosphère ? Ton rouleau de carnets personnels, et suivre les autres sites liés... Mais cette liste ne comporte pas les gens importants malheureux ! Tu ne lis pas les mêmes personnes que moi, tu lis mal ! Tu ne vois pas le monde ! Regarde, toute la blogosphère en a parlé ! Mais non, toute la blogosphère n'en a pas parlé... dans ma blogosphère, seuls ces deux l'ont fait, mais ma blogosphère n'est pas leur blogosphère.

Je sens la pique facile arriver, telle une Miss Lulu montant sur ses grands équidés : oui mais c'est pareil pour la littérature, les journaux, etc... Les anglophones et les carpettes utilisent le terme fallacy, nous avons l'adjectif "fallacieux" pour qualifier ce genre de comparaison. Les blogs sont différents premièrement parce qu'il n'y a aucun contrôle de publication, deuxièmement parce qu'internet est une bibliothèque sans bibliothécaire (ah si, Google et Technorati, rions un peu en attendant la fin du monde), troisièmement et corollaire du premièrement, l'échelle est complètement différente, et enfin, 2005 est l'année de la fin des blogs. Finalement, le terme blogopatate me semble convenable, on retrouve l'aspect un peu terroir des blogs avec ses figures typiques et bourrues, une absence de règles, de sélection, la survivance de blogs en jachères ainsi que de blogs que personne ne vient récolter. La patate, c'est ça, les blogs c'est la patate.[Listening to: Polomeria - Cocco - Complete Singles (5:14)]

Mise à jour : Tristan a finalement censuré son post, malheureusement le nom est cité dans les commentaires, donc pas de lien. L'auto-censure est accompagnée du commentaire suivant :

Encore navré d'avoir "spoilé", ça n'était pas mon intention : je pensais
1 - que tout le monde était déjà au courant ;
2 - que j'étais le seul de mon age à lire encore des livres pour enfants comme Harry Potter.

Sunday 21 August 2005

C'est quoi un expatrié ?

Vous n'avez jamais tenté l'expatriation, vous n'avez jamais parlé sérieusement à un expatrié, heureusement, Libération vous aide à y voir plus clair. Dans cette magnifique enquête, on peut y voir les traits caractéritiques de l'expatrié français :

  • il est sociologue
  • il est assisté
  • il est parisien
  • il est pisse-froid
  • il est en fuite

Mais apportons une lecture un peu plus attentive à cet article.

Ce mercredi de juillet, Germain (1), 27 ans, rentré depuis six mois des Antilles où il avait enchaîné les postes dans des bijouteries en duty free, est particulièrement volubile. «Pendant mes vacances, j'ai envoyé cinq CV au Canada, pour voir. J'ai eu cinq propositions de boulot.» Rien à voir avec l'accueil des employeurs français : 22 demandes déposées dans des bijouteries du sud de la France, une seule réponse positive. «Si t'as pas 40 ans et que t'es pas en costard, on te prend pas au sérieux. J'ai du mal à vendre la qualité de mon travail. En France, on préfère mettre en avant le nombre d'années.»

Et oui, c'est de la faute de l'employeur. Pourtant, tout le monde a envie d'embaucher spontanément une personne qui n'a aucune stabilité dans son travail pour faire exactement la même chose. Et toutes les bijouteries du sud de la France doivent avoir le besoin de répondre à une candidature spontanée. Et le summum, le politiquement correct, il est interdit de préférer des salariés d'un certain âge. Tous égaux !

Il résume : «En France, personne ne recrute, par peur de ne plus pouvoir virer les gens. Et c'est très dur de travailler en free lance. Ici, à Vancouver, pas de problème d'emploi. Celui qui veut bosser bosse. Depuis que j'ai été embauché, j'ai reçu quatre nouvelles propositions. Et j'ai multiplié mon salaire par trois ou quatre par rapport à la France.»

Un autre sociologue... si on a trois millions de chômeurs, c'est qu'il y a plein de boulot, pour tout le monde, mais les entreprises ne veulent pas qu'il soit fait parce qu'elles risquent d'être empêchées de virer les gens (parce qu'ils sont mauvais forcément, vu qu'il n'y aura jamais de diminution d'activité). Jeune madeliniste lève-toi et fuis ! Ce pays est sclérosé ! Et ça continue.

Guillemette, 28 ans, a longtemps rêvé des pays anglo-saxons «parce qu'en France, on s'arc-boute sur les diplômes. C'est très difficile de faire comprendre qu'on s'est trompé de voie mais qu'on a l'énergie pour faire autre chose. Comme si, une fois embarqué dans un secteur, il n'y avait plus de bifurcation possible».

Effectivement, il y a des employeurs qui s'interrogent quand des personnes, qui ont travaillé pendant des années pour avoir un diplôme, changent soudainement d'avis après l'avoir obtenu. Surtout quand les explications sur la bifurcations sont aussi vague que "ça n'est pas mon truc". Mais évidemment, un employeur devrait être forcé de jouer les baby-sitter jusqu'à ce qu'ils trouvent leur truc, ce n'est pas vraiment comme si il y avait des gens déjà qualifiés, avec de l'expérience et dont c'est le truc, à postuler aussi...

«Les carrières vont plus vite. A Paris, tout est figé, les gens ont du mal à vous donner votre chance.»

Après les sociologues, les sociologues-géographes : à Paris tout est figé, donc quittons la France, ça pourrait presque être du Dantec.

«Je suis très heureux d'être né ici, d'avoir pu faire des études et pas les boulots pourris de mes parents. Mais en ce moment tout ça part en couilles : les réformes de l'université, la folie Sarkozy... Je me barre définitivement s'il passe en 2007.»

Un visionnaire celui-là, il doit être ouïiste : si ça passe, c'est la fin de la France. Evidemment, si Sarkozy passe, ce ne sera pas parce que les gens ont voté pour lui, ce sera sans doute un complot.

Valérie, 34 ans, éducatrice en crèche, a assisté devant sa télévision à la défaite de la candidature de Paris pour les Jeux 2012 : «Ça m'a encore confortée dans mon choix de partir. On avait tellement besoin d'une impulsion, d'un espoir... J'ai l'impression de vivre dans un pays vieillissant qui s'enfonce chaque jour un peu plus, où les gens sont crevés. J'idéalise peut-être le Québec, mais j'ai l'impression que là-bas les gens sont plus positifs, plus confiants, plus respectueux des autres aussi. [...].» Son loyer parisien est «un gouffre financier», son rythme de vie un défi perpétuel à la rapidité, «presque un TOC» (trouble obsessionnel compulsif), diagnostique-t-elle.

Ca va mal à Paris, il faut quitter la France, ça me semble effectivement d'une logique indépassable. En même temps, quitter ce pays évitera les abus de Jean-Luc Delarue dont elle semble souffrir, à moins que ça ne passe sur TV5.

François-Xavier et Claire, 26 et 30 ans, ont abandonné leurs 25 m2 à Bastille pour une petite maison en Nouvelle-Zélande. «Il y a de l'espace ici, et surtout entre les gens», raconte Claire [...]

C'est pas vrai ? Il y a des pays dans le monde où il y a des maisons, avec de... l'espace ? Si j'avais su... C'est où Bastille déjà ?

A Vancouver, Vanessa et Jean-Charles louent 100 m2 pour 750 euros, «le prix d'un petit deux-pièces à Paris».

C'est une maladie décidément.... Soit ce sont ces expats qui ne connaissent pas la France, soit c'est Libé qui est infichu de trouver des français qui s'expatrient, c'est infernal ces références constantes à Paris.

«Ça fait du bien de voir la France de loin, reconnaît Claire. Restée à Paris, je suis sûre que j'aurais voté non à la Constitution européenne pour tout un tas de raisons.»

On retrouve le fameux bouclier anti-intelligence et anti-discernement qui flotte au-dessus du pays, ce qui était une interrogation devient une évidence, c'est absolument magique. Personne ne devrait être autorisé à rester dans ce pays passé l'âge de voter. Et pour finir un bon article comme celui-là, rien ne vaut une statistique :

Avec 5 000 demandes par an dont 3 500 à 4 000 départs effectifs, le Québec est un véritable aspirateur de jeunes Français. [...] Pour les candidats au départ, rien n'est laissé au hasard. Et souvent la greffe prend : seuls 15 % choisissent de revenir en France.

Voilà, seuls 15% reviennent en France, sans durée précisée, donc ça veut dire d'ici à la fin de leur vie. Donc, compte-tenu de l'espérance de vie des français, et de l'âge moyen des émigrants de ce pays, ce chiffre est donc déduit de la population qui a émigré au Québec grosso-modo pendant la guerre de 39-45 ne sont jamais revenus s'établir en France...

Donc voilà, n'espérez pas trouver des expatriés qui partent à la découverte de pays, de cultures, de civilisations. N'espérez pas trouver de gens qui partent pour d'autres raisons que la fuite d'un pays qui a été méchant avec eux, peuplé d'employeurs vieux jeu qui ne reconnaissent pas leur valeur. Quand on lit ça, ça donnerait presque envie de se rabattre sur les blogues d'entrepreneurs.

Tuesday 25 January 2005

Qu'ils sont amusants ces faux naïfs

A l'occasion du MIDEM (par défaut le site n'est pas en français, encore des bonnes carpettes anglaises ces gens-là), on a pu apprendre que les trois plate-formes légales de téléchargement de musique les plus utilisées en France étaient dans l'ordre : VirginMega Music, FNAC Music (et pourquoi pas FNAC Musique ? et une carpette de plus, une) et iTMS. Comment expliquer le succès de Virgin Mega, sachant que la presse qui en est faite est quand même extrêmement restreinte ? Voir par exemple cet article de Libération sur les plantés de la campage "Téléchargez-moi légalement", où l'on trouve 2 citations de VirginMega contre 5 pour chacun de ses deux concurrents.

Le faux naïf Pascal Nègre, grand humaniste devant l'humanité elle-même (enfin, devant l'humanité Madelinienne, c'est-à-dire "abat ton prochain et tu survivras"), a l'explication évidemment évidente : les trop gros systèmes de vente en ligne (sous-entendu iTMS et la FNAC) souffrent du déficit d'artistes locaux dans leur catalogue en ligne (source: France Info). VirginMega Music, système à taille plus humaine ? C'est peut-être le plus gros catalogue disponible dans les offres actuelles en France, ce qui, il faut l'avouer, n'est pas très difficile. Quel est le point déterminant alors, d'un service qui ne se démarque pas particulièrement, et qui ne fait quasiment aucune publicité ? Le bouche à oreille ? Sans que celui-ci parvienne aux oreilles des blogueurs, ces nouveaux dieux du journalisme ?

En fait, pour le savoir, il faut un PC, équipé de Windows (de préférence XP), et d'accepter sans frémir toutes les mises à jour "de sécurité" proposées par l'éditeur de Redmond. Et dans son magnifique Windows Media Player, que Microsoft continue encore à distribuer malgré la condamnation de l'Europe pour pratique anti-concurrentielle, on trouve en bonne place... VirginMega Music, directement intégré. Comme quoi, les libéraux aiment avant toute chose les monopoles, plus efficaces que toutes les qualités et toutes les publicités réunies. L'alliance de Microsoft et VirginMega Music ne doit pas déplaire à M. Nègre, lancé à l'époque du grand Vivendi Universal, naufrage historique de la "convergence". Un brin de monopole, comme il aime en goûter dans les soirées de TF1 pour nous vendre ses veaux aux hormones de reprises de tubes mille fois rentabilisés, et surtout un brin de mépris pour ses clients, en fanfaronnant autour des valeurs de sa maison de disque : évasion fiscale humanité, soutien des petits artistes, encouragement de la créativité. Ah Pascal, quel grand conmuniquant tu fais...

Devant un tel esprit visionnaire et honnête, on ne peut que conclure par des paroles du bonhomme, celles-ci sont issues d'une interview datant d'octobre 2000.

Et puis, dans cinq ans, nous parlerons du MP3 comme du 78 tours. Nous allons nous développer sur un format de qualité supérieure et qui sera en plus protégé.
Courage Pascal, plus que 9 mois pour rendre le MP3 obsolète, tu peux le faire, va demander de l'aide au Parti de la Loi Naturelle et ton esprit vaincra !
90% des service sont pour les PC et j'ai un Mac. C'est énervant.
C'est pour ça que le service de distribution de musique en ligne d'Universal n'est que pour les PC, parce que les méchants employés d'Universal y font rien qu'à embêter le patron.

Sunday 9 January 2005

Nouvelle catégorie

Inauguration de la nouvelle catégorie qui risque d'être utilisée dans un futur proche : marcolepsie. D'après le TLFi, la narcolepsie est l'affection caractérisée par des besoins irrésistibles de dormir, survenant brutalement, à des intervalles plus ou moins rapprochés, et occasionnant un sommeil généralement de courte durée. La marcolepsie est quant à elle l'affection caractérisée par un besoin irrésistible de s'énerver, survenant brutalement, à des intervalles plus ou moins rapprochés, et occasionant une hystérie généralement de courte durée. Etymologiquement, ce mot vient de Marc-Olivier Fogiel, présentateur de télévision qui étonnera toujours par la nullité de ses interviews et de sa réflexion, qui combinées à un ton hautain et une impolitesse sans borne, fixent la barre a priori infranchissable du demeuré télévisuel. Ce mot vient d'autre part du suffixe lepsie (du grec ληψις «action de prendre»), ce qui au final nous donne en quelque sorte "pris par Marco". Et c'était bien le cas encore ce soir, avec une prestation plus que lamentable en face d'Alain Finkelkraut pour parler du film "La Chute", à grands coups de "on dit que", "certains ont même pensé que"... et une interview... pardon, ce n'était pas une interview. Jet Li était reçu ce soir... une carrière immense à Hong-Kong, un déclin entamé à partir du moment où il est parti à Hollywood, et on lui demande ce qu'est le Wushu et si c'était bien l'Arme Fatale 4. Minable.

Wednesday 15 December 2004

Entreprise : Philips

Découvert dans le metro d'hier grâce à un blogueur qui voudrait être anonyme, le DMVC1300K/00 de Philips, hybride de webcam, appareil photo numérique et clef USB. Que du bon apparemment, mais en regardant la plaquette de présentation du produit (PDF) :

Résumé sélectif de la plaquette...

Un mètre cinquante pour la mise au point, et c'est censé être utilisé avec un ordinateur portable comme le montrent le titre et l'illustration. Si j'avais le bras long, il mesurerait au maximum 90 cm, en ajoutant la distance entre le clavier et l'écran (20 cm en étant généreux), on arrive péniblement à 1,10 m. Selon Philips, il faut donc abandonner l'idée d'utiliser son clavier quand on utilise sa webcam, sinon ça donnerait quelque chose comme ça (en djeunz):

  • Untel a : slt sa va???
  • Untel b : kom tu peu le voar!!!
  • Untel a : bo non, t flou!!!
  • Untel b : aten!!! (recul de chaise, prend la pose, revient) é la ta vu???
  • Untel a : a oué!!! c kool ta kam!!!

Bref, une horreur. Quel est le marketeux qui a décidé d'étiqueter un tel produit dans la catégorie "pour ordinateur portable" ? Je ne veux même pas le savoir...

Thursday 9 December 2004

Militantisme : Alain Piriou

Concernant le projet de loi contre les propos homophobes ou sexistes, Jean-Paul Garraud avait proposé un amendement restreignant la capacité de se porter partie civile pour les seules associations reconnues d'utilité publique (en-dehors des individus directement concernés bien sûr dans le cas de propos nominatifs). Le texte retenu à l'heure actuelle se contente de restreindre ceci aux associations régulièrements déclarées depuis au moins cinq ans à la date des faits, à la condition expresse qu'elles mentionnent dans leurs statuts la possibilité de combattre les violences ou les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle ou d'assister les victimes de ces discriminations.

Le cadre étant placé, arrive notre sophiste du jour, Alain Piriou, porte-parole de l'Interassociative lesbienne, gaie, bisexuelle et transexuelle, ou Inter-LGBT pour faire court. Concernant la première version de l'amendement, Alain Piriou a déclaré : autant dire que la loi ne sera jamais appliquée, puisqu'aucune association de lutte contre l'homophobie n'est reconnue d'utilité publique (source metro 08/12/2004). Monsieur Piriou nous dis donc que jamais, ni maintenant, ni dans le futur, une association de lutte contre l'homophobie ne sera dans la capacité d'avoir le statut qui était envisagé, c'est-à-dire être reconnue d'utilité publique. En clair, il estime qu'une association de lutte contre l'homophobie ne peut (ou ne doit, on ne sait pas) pas être reconnue d'utilité publique.

Cette affirmation étant fortement posée, on peut s'interroger désormais sur sa véracité. Voyons ce que nous dit le site service-public.fr :

Cette reconnaissance, accordée par décret en Conseil d'Etat, concerne les associations, dont la mission d'intérêt général ou d'utilité publique s'étend aux domaines philanthropiques, social, sanitaire, éducatif, scientifique, culturel ou concerne la qualité de la vie, l'environnement, la défense des sites et des monuments, la solidarité internationale.

Les conditions sont strictes :

  • une pratique d'au moins trois ans comme association déclarée,
  • la fourniture des comptes pendant cette période et un budget d'au moins 45 734,71 EUR
  • l'adhésion d'au moins 200 membres,
  • l'intervention sur un plan national,
  • des statuts conformes au modèle approuvé par le Conseil d'Etat.

La mission d'intérêt générale est évidente. Durée d'existence, pas de problème. Budget, sur l'exercice 2003-2004 par exemple, celui de l'Inter-LGBT était d'un peu de moins de 14.000€ après de substantielles économies. A noter que cette association refuse ostensiblement de demander des subventions par souci d'indépendance. Un petit effort du côté du budget n'est pas insurmontable, après tout, le budget minimal requis équivaut à peu près à deux SMIC à plein temps (sans locaux et autres fournitures), ce qui paraît raisonnable pour une association d'envergure nationale et qui se donne les moyens d'agir. L'adhésion d'au moins 200 membres ne devrait pas poser non plus trop de problèmes. Les statuts aussi ne devraient pas poser spécialement de problèmes : ils imposent un fonctionnement démocratique de l'association, la tenue à jour de la comptabilité, ainsi que d'autres clauses concernant la gestion saine de l'activité. Bref, rien d'insurmontable. La décision d'utilité publique est rendue par le Conseil d'Etat, et peut être évidemment refusée, ce qui provoquerait un tollé le cas échéant si les conditions satisfaisantes sont réunies.

Si le problème n'est donc pas pratique, il est peut-être plus idéologique, de la même veine que le refus des subventions pour cette association en particulier ? Ou juste de la mauvaise foi devant le temps que prend la reconnaissance d'utilité publique ?

Thursday 25 November 2004

Politique : Yves Jégo

Ce matin dans Metro, Yves Jego nous dit à propos de la petite sauterie à 5 millions d'euros d'intronisation de Nicolas Sarkozy à la tête du Lump :

Mais c'est bizarre de dire qu'il faut intéresser les français à la vie politique et, quand un parti veut organiser une manifestation justement de vie politique, on lui reproche de le faire.

C'est un raisonnement assez sournois, dans le sens où il veut nous faire croire que les petites fêtes internes à un parti politique sont une partie significative de la vie politique. D'abord, qu'est-ce qu'un parti politique à part une association de personnes dont le but est de concourir à l'expression du suffrage (article 4 de la constitution) ? En quoi les mouvements internes à ces associations sont ils censés être publique d'une part, et politique de l'autre ? En théorie en rien, car si c'est strictement interne, ça ne participe plus à l'expression du suffrage. Par contre, on pourrait être d'accord avec ce député si le Lump était un lobby. Sont-ils tombés aussi bas ? Peut-être, tout simplement.

Friday 19 November 2004

Tribune Metro : Stéphane Lhomme

Le quotidien gratuit Metro offre des tribunes libres à qui veut bien écrire. Enfin, c'était la théorie, au début. La mention qui le proposait a disparu et on n'a quasiment plus droit aujourd'hui qu'aux professionnels de la communication. Il reste néanmoins un point très intéressant dans ces tribunes : l'étalage de la mauvaise foi et du non-dit. La mauvaise foi est en générale tellement éclatante qu'elle en devient jouissive, d'où la naissance de cette catégorie 'Sophismes'.

On se souviendra par exemple de la tribune de Stéphane Lhomme, porte-parole du "collectif" (ou "réseau" on ne sait plus trop) Sortir du nucléaire, qui est un très bon exemple pour débuter. Le titre "la peste et le choléra" donne immédiatement la conclusion : le nucléaire est le pire du pire. Etant donné que nous sommes sur un extrême, cela doit être facile à démontrer. L'uranium qui nourrit nos centrales nucléaires est à 100% importé. Où est le mieux par rapport au pétrole ? La forme de la question ouverte permet de s'affranchir de toute argumentation, ce qui pourrait se révéler comme étant fatigant et moins percutant. L'argument qui suit est en dessous de tout, du niveau de la spéculation, et donc ne mérite pas sa place ici. l'Allemagne et l'Espagne, qui développent massivement les énergies renouvelables, montrent que ces dernières créent, pour une production identique, quatre fois plus d'emplois que le nucléaire. Rappelons que cet argument est là pour démontrer que le nucléaire est le pire du pire, et donc, qu'un système productif est une catastrophe.

On passe ensuite à l'attaque révolutionnaire : contrairement à ce que martèle la propagande officielle[...], le marteau n'est donc pas l'apanage des communistes ! S'en suit encore un argument spéculatif, et une petite démonstration : les solutions que nous proposons pour sortir du nucléaire sont justement les seules qui permettront de lutter réellement contre le réchauffement climatique, pardon, c'était juste une affirmation. Nous sommes sauvés, nous avons trouvé dans le monde des personnes qui détiennent les seules solutions au réchauffement climatique, et qui plus est ils sont contre les méchants. Les coupables sont heureusement là encore, désignés nommément : notre consommation d'énergie, artificiellement gonflée par les lobbys pétroliers et nucléaires [...]. Et c'est là le véritable talon d'Achille du texte, car il en est la conclusion. Toute l'argumentation bancale qui a été développée n'aura servi qu'à dénoncer les lobbys des méchants. Le titre "la peste et le choléra" tombe donc complètement à plat, ce n'est plus le nucléaire qui est la peste et le choléra, ce sont les humains qui font commerce de ces énergies. C'est le réel fil conducteur du texte, masqué par une rhétorique anti-nucléaire.

Ce que l'on constate souvent est que de bons arguments peuvent être anéantis par une mauvaise rhétorique, ce qui tend à déprécier la cause censée être soutenue. Cette tribune dans l'ensemble manque de rigueur, et on serait tenté de dire, de professionalisme dans la communication. L'impression s'est confirmée récemment dans France Europe Express où le bonhomme n'a pas mis 10 secondes à nous convaincre de son incapacité à mener une confrontation. A sa défense il avait en face de lui Anne Lauvergeon, un gros morceau (voir aussi cet article de l'Express en 2002).

Thursday 18 November 2004

Sophisme

Ce soir inauguration d'une nouvelle catégorie, avec une espèce qui a tendance a envahir les médias : les sophistes. Volontiers masochistes, ils méritent à eux seuls une catégorie pour le souvenir, parce que c'est important le souvenir. Afin de ne pas être non plus trop vague, je note ci-dessous les parties des définitions de « sophisme » qui m'intéressent plus précisément. Notez bien la présence de la mauvais foi, c'est absolument essentiel.

SOPHISME, subst. masc.
A. LOGIQUE
[...]
2. Argument, raisonnement ayant l'apparence de la validité, de la vérité, mais en réalité faux et non concluant, avancé généralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire illusion. Probe autant qu'une fleur née au fond d'une forêt est délicate, elle ne connaissait ni les maximes du monde, ni ses raisonnements captieux, ni ses sophismes (BALZAC, E. Grandet, 1834, pp. 110-111). Les premiers troubles de la jeunesse la trouvèrent démunie, sans défense contre le mal, sans protection contre les sophismes et les piperies du monde (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 5).
sophisme n.m. - XIIe ; gr. • Argument, raisonnement faux malgré une apparence de vérité et généralement fait avec mauvaise foi.
Le Robert quotidien

Ce que cette catégorie ne sera pas Il ne sera pas question dans ces entrées de valider les arguments des uns ou des autres (sauf s'ils sont vraiment spécieux), mais de voir les liaisons entre ceux-ci. Le sophisme, c'est un peu la faillite de la logique, qui dans les cas heureux mène au paradoxe, et dans les cas qui nous intéressent, à l'esbrouffe. Il est à noter que l'ami du sophisme est la concision, le pamphlet est donc tout à fait indiqué comme terreau, et les tribunes de metro encore plus. De fait, en n'ayant pas l'espace nécessaire pour développer et préciser son argumentation, on s'expose à l'ellipse voilée et au brocard facile. C'est un risque, ils ont décidé de le prendre.

page 2 of 2 -