Passé et quotidien, le vécu se construit peu à peu

En ce moment sur France 2, un reportage sur les métiers dangereux (introuvable sur leur site, il est vrai que ne pas mentionner le programme sur le site d'une chaîne de télévision c'est une forme forte de mépris, merci le service publique), qui se focalise sur les pilotes d'hélicoptères de la sécurité civile. Glamour, uniforme et héros ? Non, à vue de nez le reportage doit dater de 83, les Alouette III sont déjà présentes dans leur livrée rouge zébrée, les gendarmes, policiers, pompiers ont des vieux uniformes, et le grain de l'image, les couleurs, les ambiances, la narration nous ramènent vraiment vingt ans en arrière. C'est étrange cette sensation, le début de la jeunesse consciente, se rappeler de lieux, de mobilier, d'aménagements intérieurs et extérieurs, qui rappellent les vieux albums photos plusieurs fois feuilletés. Ces sensations que l'ont retrouve dans les immeubles des années 70, par endroits jamais rénovés, et qui laissent apparaître, qui caché sous une tapisserie, qui ouvertement dans un placard oublié, la trace d'une époque.

Vingt ans seulement, que de progrès technologiques, que de changements dans les styles et pourtant quel sentiment étrange d'immobilisme, de stagnation. Le discours que tenaient les pilotes lors du tournage serait identique aujourd'hui à l'exception de l'évolution superficielle du langage. Mais de changement dans le fond ? Des personnes bloquées dans la baie du Mont Saint-Michel, des randonneurs sous les avalanches en montagne, un accident sur la route... Ce quotidien n'évolue pas, l'accent porté dans les médias change au gré des saisons et des coups marketings, c'est tout. Dans cette période tranquille on s'endort et on accumule souvenirs et images d'une époque mal connue et disparue à cause de la mémoire qui oublie et d'une certaine fuite en avant : penser à l'avenir, telle est notre éducation. Tout ça pour oublier l'illusion de mouvement créée par l'activité frénétique superficielle qui nous entoure ? Peut-être.