Deux visions du système de santé suédois

La blogosphère nous a donné récemment deux points de vue sur le système de santé suédois. Pour mémoire, rappellons que chez les scandinaves en général (c'est facile, ce sont les drapeaux avec un motif en forme de croix romaine après une rotation de π/2 dans le sens trigonométrique) la notion de social est poussée un cran plus loin qu'en France, et quelques centaines de crans de plus qu'en Chine. Le social, et la santé en particulier, coûtent cher et ces pays n'ont pas échappés aux campagnes de rationalisation de ces dépenses.

Premier exemple chez Daniel Glazman, dans un billet appelé Swedish social model.... On y découvre les affres de la bureaucratie comptablement rigoriste dans un hôpital suédois à travers le cas morbide de Sven Algotsson : après 5 mois d'attente pour avoir un rendez-vous, on lui diagnostique un cancer, quatre mois plus tard, il a enfin une série de tests approfondis : "Cancern är spridd". A l'ère des diagnostics pré-nataux, c'est insupportable.

Le deuxième point de vue nous vient de la Cour de Justice Européenne : le monopole suédois de vente au détail des médicaments est contraire au droit communautaire. Où l'on apprend que parmi les monopoles que conserve l'état suédois (comme la vente d'alcool, prenez un jour le ferry København-Malmö, c'est assez drôle de voir tous ces diables chargés de bière) se trouve la distribution des médicaments, avec une économie sur les dépenses de médicaments estimée par le PDG de l'entreprise d'état à 6,5 millions d'euros par mois par rapport à un système non-monopolistique. Ca a l'air de fonctionner, les citoyens sont égaux devant le médicament et ça n'est pas un gouffre pour l'état : ça n'est plus suffisant. Comme on nous l'a rappelé pendant cette campagne du TCE, en dernier ressort, c'est la Cour Européenne de Justice qui seule interprète les lois de l'Union, et elle a tranché.

Deux visages du système de santé suédois, une mauvaise, et une bonne qui peut difficilement survivre en l'état. <ironie>C'est l'Europe qui tombeeeuuut, la France n'est plus seule.</ironie>