C'est quoi un expatrié ?

Vous n'avez jamais tenté l'expatriation, vous n'avez jamais parlé sérieusement à un expatrié, heureusement, Libération vous aide à y voir plus clair. Dans cette magnifique enquête, on peut y voir les traits caractéritiques de l'expatrié français :

  • il est sociologue
  • il est assisté
  • il est parisien
  • il est pisse-froid
  • il est en fuite

Mais apportons une lecture un peu plus attentive à cet article.

Ce mercredi de juillet, Germain (1), 27 ans, rentré depuis six mois des Antilles où il avait enchaîné les postes dans des bijouteries en duty free, est particulièrement volubile. «Pendant mes vacances, j'ai envoyé cinq CV au Canada, pour voir. J'ai eu cinq propositions de boulot.» Rien à voir avec l'accueil des employeurs français : 22 demandes déposées dans des bijouteries du sud de la France, une seule réponse positive. «Si t'as pas 40 ans et que t'es pas en costard, on te prend pas au sérieux. J'ai du mal à vendre la qualité de mon travail. En France, on préfère mettre en avant le nombre d'années.»

Et oui, c'est de la faute de l'employeur. Pourtant, tout le monde a envie d'embaucher spontanément une personne qui n'a aucune stabilité dans son travail pour faire exactement la même chose. Et toutes les bijouteries du sud de la France doivent avoir le besoin de répondre à une candidature spontanée. Et le summum, le politiquement correct, il est interdit de préférer des salariés d'un certain âge. Tous égaux !

Il résume : «En France, personne ne recrute, par peur de ne plus pouvoir virer les gens. Et c'est très dur de travailler en free lance. Ici, à Vancouver, pas de problème d'emploi. Celui qui veut bosser bosse. Depuis que j'ai été embauché, j'ai reçu quatre nouvelles propositions. Et j'ai multiplié mon salaire par trois ou quatre par rapport à la France.»

Un autre sociologue... si on a trois millions de chômeurs, c'est qu'il y a plein de boulot, pour tout le monde, mais les entreprises ne veulent pas qu'il soit fait parce qu'elles risquent d'être empêchées de virer les gens (parce qu'ils sont mauvais forcément, vu qu'il n'y aura jamais de diminution d'activité). Jeune madeliniste lève-toi et fuis ! Ce pays est sclérosé ! Et ça continue.

Guillemette, 28 ans, a longtemps rêvé des pays anglo-saxons «parce qu'en France, on s'arc-boute sur les diplômes. C'est très difficile de faire comprendre qu'on s'est trompé de voie mais qu'on a l'énergie pour faire autre chose. Comme si, une fois embarqué dans un secteur, il n'y avait plus de bifurcation possible».

Effectivement, il y a des employeurs qui s'interrogent quand des personnes, qui ont travaillé pendant des années pour avoir un diplôme, changent soudainement d'avis après l'avoir obtenu. Surtout quand les explications sur la bifurcations sont aussi vague que "ça n'est pas mon truc". Mais évidemment, un employeur devrait être forcé de jouer les baby-sitter jusqu'à ce qu'ils trouvent leur truc, ce n'est pas vraiment comme si il y avait des gens déjà qualifiés, avec de l'expérience et dont c'est le truc, à postuler aussi...

«Les carrières vont plus vite. A Paris, tout est figé, les gens ont du mal à vous donner votre chance.»

Après les sociologues, les sociologues-géographes : à Paris tout est figé, donc quittons la France, ça pourrait presque être du Dantec.

«Je suis très heureux d'être né ici, d'avoir pu faire des études et pas les boulots pourris de mes parents. Mais en ce moment tout ça part en couilles : les réformes de l'université, la folie Sarkozy... Je me barre définitivement s'il passe en 2007.»

Un visionnaire celui-là, il doit être ouïiste : si ça passe, c'est la fin de la France. Evidemment, si Sarkozy passe, ce ne sera pas parce que les gens ont voté pour lui, ce sera sans doute un complot.

Valérie, 34 ans, éducatrice en crèche, a assisté devant sa télévision à la défaite de la candidature de Paris pour les Jeux 2012 : «Ça m'a encore confortée dans mon choix de partir. On avait tellement besoin d'une impulsion, d'un espoir... J'ai l'impression de vivre dans un pays vieillissant qui s'enfonce chaque jour un peu plus, où les gens sont crevés. J'idéalise peut-être le Québec, mais j'ai l'impression que là-bas les gens sont plus positifs, plus confiants, plus respectueux des autres aussi. [...].» Son loyer parisien est «un gouffre financier», son rythme de vie un défi perpétuel à la rapidité, «presque un TOC» (trouble obsessionnel compulsif), diagnostique-t-elle.

Ca va mal à Paris, il faut quitter la France, ça me semble effectivement d'une logique indépassable. En même temps, quitter ce pays évitera les abus de Jean-Luc Delarue dont elle semble souffrir, à moins que ça ne passe sur TV5.

François-Xavier et Claire, 26 et 30 ans, ont abandonné leurs 25 m2 à Bastille pour une petite maison en Nouvelle-Zélande. «Il y a de l'espace ici, et surtout entre les gens», raconte Claire [...]

C'est pas vrai ? Il y a des pays dans le monde où il y a des maisons, avec de... l'espace ? Si j'avais su... C'est où Bastille déjà ?

A Vancouver, Vanessa et Jean-Charles louent 100 m2 pour 750 euros, «le prix d'un petit deux-pièces à Paris».

C'est une maladie décidément.... Soit ce sont ces expats qui ne connaissent pas la France, soit c'est Libé qui est infichu de trouver des français qui s'expatrient, c'est infernal ces références constantes à Paris.

«Ça fait du bien de voir la France de loin, reconnaît Claire. Restée à Paris, je suis sûre que j'aurais voté non à la Constitution européenne pour tout un tas de raisons.»

On retrouve le fameux bouclier anti-intelligence et anti-discernement qui flotte au-dessus du pays, ce qui était une interrogation devient une évidence, c'est absolument magique. Personne ne devrait être autorisé à rester dans ce pays passé l'âge de voter. Et pour finir un bon article comme celui-là, rien ne vaut une statistique :

Avec 5 000 demandes par an dont 3 500 à 4 000 départs effectifs, le Québec est un véritable aspirateur de jeunes Français. [...] Pour les candidats au départ, rien n'est laissé au hasard. Et souvent la greffe prend : seuls 15 % choisissent de revenir en France.

Voilà, seuls 15% reviennent en France, sans durée précisée, donc ça veut dire d'ici à la fin de leur vie. Donc, compte-tenu de l'espérance de vie des français, et de l'âge moyen des émigrants de ce pays, ce chiffre est donc déduit de la population qui a émigré au Québec grosso-modo pendant la guerre de 39-45 ne sont jamais revenus s'établir en France...

Donc voilà, n'espérez pas trouver des expatriés qui partent à la découverte de pays, de cultures, de civilisations. N'espérez pas trouver de gens qui partent pour d'autres raisons que la fuite d'un pays qui a été méchant avec eux, peuplé d'employeurs vieux jeu qui ne reconnaissent pas leur valeur. Quand on lit ça, ça donnerait presque envie de se rabattre sur les blogues d'entrepreneurs.

Comments

1. On Saturday 13 August 2005, 15:59 by dda

Moi j'étais dans l'idée [formée par onze ans passées à observer le microcosme français de/à Seoul] qu'un expat c'était un vieux con envoyé par sa boîte faire suer le burnous des locaux, tromper sa femme avec les locales, tous frais payés, baraque à 5,000$ par mois, école française [privée mais bourrée de fonctionnaires] des enfants payée, etc etc.
Ah oui, y'a l'expat' light, que j'ai vu apparaître vers la fin : le jeune con péteux sorti d'une "grande école" [va expliquer ce concept à l'étranger, tiens] employé au rabais par une filiale asiatique [généralement HK], avec un "package" disons franchement sabré par rapport à ses collègues entrés avant les grandes coupes sombres dans les budgets. Il a quand même le droit de faire suer les locaux, et de se faire les locales, ou l'inverse [ils sont partout !]
Et puis bien sûr, y'a le fonctionnaire expat, la secrétaire de conseiller à 8,000?/mois plus logement [ça a changé ça aussi paraît-il mais la prime d'expat pour la Corée était autrefois de 4 fois le salaire, la Corée étant un pays "dur"], le chef de poste payé autant qu'un banquier ? ne riez pas c'est avec nos impôts ? vivant dans des baraques à 10,000$ et plus par mois, avec leur "décorateur d'intérieur", leur "ami" du Maghreb, ou leurs "bonnes" d'Asie du Sud Est [pleurez, mes amis, pleurez, c'est toujours avec vos sous]. Et quand, en tant qu'entreprise française vous venez leur demander un coup de main, again il faut payer... Joli racket !
Mais bon, ma vision des expats est sans doute aussi limitée que celle de Libé :-)

2. On Sunday 14 August 2005, 10:28 by Jean-Marc Bondon

Ce sujet illustre une nouvelle fois la difficulté de tout un chacun de regarder le monde et de le comprendre, simplement à l'aune de sa petite expérience, avec ses petites pensées et ses petits moyens d'observation.
L'autre défaut constaté est de toujours partir de cas particuliers pour appuyer des grandes vérités et des phrases définitives.
Nous sommes heureux de voir qu'il est possible de partir trouver son bonheur ailleurs. Cet ailleurs pourrait tout aussi bien se situer dans le Perche ou dans le Limousin.

3. On Sunday 14 August 2005, 10:52 by Maxime Ritter

Ah, ah, ah, je me marre...
Allez, dans l'article de libé, ils ont bien trouvé un non-parisien. C'est évident qu'a Paris les loyers étant les plus chers, c'est aussi là que la comparaison est la plus parlante. Comme en plus les candidats à l'expatriation sont mobiles et que Paris est un énorme pole d'actraction en France, ce n'est pas étonnant que ceux-ci puissent faire la comparaison avec Paris....
<< Et oui, c'est de la faute de l'employeur. >>

C'est une interprétation, ça. L'expat a peut-être voulu dire que le québec manquant de bijoutiers, il a été plus facile pour lui d'y trouver un emploi, ce qui n'était pas le cas dans le sud de la France ?
<< si on a trois millions de chômeurs, c'est qu'il y a plein de boulot, pour tout le monde, mais les entreprises ne veulent pas qu'il soit fait parce qu'elles risquent d'être empêchées de virer les gens >>

Ah, et pourquoi l'autre guignol invente le CDI avec période d'essai de 2 ans ? (cela dit, j'admet qu'ils se mettent partiellement le doigt dans l'oeil, mais j'ai tout de même connu une entreprise bourrée d'interimaires parce que justement le patron n'était pas sur d'avoir un activité sur le moyen et long terme, donc ce n'est pas totalement faux).
<< Surtout quand les explications sur la bifurcations sont aussi vague que "ça n'est pas mon truc". >>

Pure interprétation. Il faut savoir que justement dans la culture anglo-saxonne, il est permis de changer complètement de direction.
<< Mais évidemment, un employeur devrait être forcé de jouer les baby-sitter jusqu'à ce qu'ils trouvent leur truc, ce n'est pas vraiment comme si il y avait des gens déjà qualifiés, avec de l'expérience et dont c'est le truc, à postuler aussi... >>

Et il y a des endroits sur Terre où les gens qui ont de l'expérience ou dont c'est le truc sont absents. Même en France aussi d'ailleurs ; sauf que en pareil cas, on préfère (culturellement, je ne dis pas que ne c'est une mauvaise idée) embaucher personne plutôt que quelqu'un qui n'a jamais fait d'une telle chose, mais pret à se reconvertir... D'où certaines formations à la va-vite de biologistes vers des informaticiens incompétants...
<< Evidemment, si Sarkozy passe, ce ne sera pas parce que les gens ont voté pour lui, ce sera sans doute un complot. >>

Interprétation. Moi je dirais plutôt, que ce serait la preuve que moi et les Français restés au pays n'avons définitivement pas les mêmes valeurs...
<< Son loyer parisien est «un gouffre financier», son rythme de vie un défi perpétuel à la rapidité, «presque un TOC» (trouble obsessionnel compulsif), diagnostique-t-elle. >>

Moi je m'en prendrais plutôt au journaliste qui choisi de pas mal couper dans ses citations....
<< C'est pas vrai ? Il y a des pays dans le monde où il y a des maisons, avec de... l'espace ? Si j'avais su... C'est où Bastille déjà ? >>

Au coeur de Paris. Evidemment, on peut partir au milieu du massif central, mais où trouvera-t-on facilement un emploi (on embauche des bijoutiers au milieu du cantal par exemple ? et des développeurs Java aussi ?) ?
<< Voilà, seuls 15% reviennent en France, sans durée précisée, donc ça veut dire d'ici à la fin de leur vie. >>

Moi, c'est le chiffre qui me parait bizarre. La durée n'est pas précisée. Ces 15% jusqu'à la fin de leur vie ? Je n'y crois pas. Beaucoup d'expats finissent soient par revenir, soient par changer à nouveau de pays, sur le long terme.
<< Donc voilà, n'espérez pas trouver des expatriés qui partent à la découverte de pays, de cultures, de civilisations. >>

Ah, merde, j'en connais qui sont dans ce cas...
Libé n'a certainement pas nuancé les défauts que les expats font à la France, mais il a aussi oublié de préciser ce qui en fait courrir certains...

4. On Sunday 14 August 2005, 12:40 by merriadoc

Des citations restent des citations.

Je m'étonne que tu trouves à rigoler de ce que semble dire cet article (pour n'en avoir lu que ton interprétation).

Pour avoir passé 2 ans 1/2 à chercher un premier job, je comprends - ne serait ce qu'en partie - ce qui peut pousser les gens à aller voir ailleurs.
Cela ne signifie pas que tout est mieux ailleurs. Mais le pays des bisounours, si c'était la France, ça se saurait.

5. On Sunday 14 August 2005, 14:28 by miss lulu

c'est fou, mais sur tous les blogs d'expatriés que je connais (et j'en connais beaucoup!), on est assez d'accord avec cet article. c'est sur qu'il ne regarde pas les mauvais cotés d'être expatrié (froid au canada, peut de couverture sociale aux etats unis, distance de la famille, etc.), mais il donne une idée très exacte de quelques raisons pour lesquelles on peut vouloir quitter la France en particulier et l'Europe en général.
mais c'est vrai que cet article a oublié quelque chose de très important: le cynisme et le nombrilisme français. ce n'est peut-être pas pour ça qu'on est partis mais c'est une des raisons pour lesquelles on ne rentre pas! ce post nous montre une fois de plus qu'on a raison...

6. On Sunday 14 August 2005, 21:51 by Damien B

@Jean-Marc Bondon : tout à fait d'accord
@Maxime Ritter : tu ne vas quand même pas faire un troll sur mon troll quand même ?
@merriadoc : je ne trouve pas que cet article soit à rigoler sur les gens qui partent ailleurs parce que "l'herbe est plus verte", même si on peut regretter dans certaines de ces mini-interviews un état d'esprit d'assistanat. Mon propos est plutôt de dire que cette vision "France qui tombeeeuuut" de l'expatriation est réductrice, cf. dda et n'en déplaise à Miss Lulu.
@Miss Lulu : c'est fou, mais sur tous les expatriés que je connais (et j'en connais beaucoup!), on est assez d'accord pour dire que cet article est trompeur. c'est sur qu'il ne regarde qu'une seule fraction, et pas forcement majoritaire des expatries, mais il donne une idee de quelques raisons pour lesquelles on peut vouloir fuir la France en particulier et l'Europe en general.
mais c'est vrai que cet article a oublié quelque chose de très important: le cynisme et le nombrilisme français. d'ailleurs ceux qui ne rentrent pas le prouvent, encore plus cyniques, encore plus nombrilistes ("mon cas est le cas general, et je le prouve, tout ceux que je connais sont d'accord avec moi"), ce sont vraiment des uber-francais qui ont bien fait de rester la ou ils sont.

7. On Sunday 14 August 2005, 23:20 by Cloporte

Personnellement, je suis aussi d'accord avec cet article de Libe, dans lequel je me reconnais assez, ainsi que quelques expat' de ma connaissance.

Mais je ne vais pas parler de ca, sinon on va aussi m'accuser d'etre nombriliste :-)
Je voudrais faire quelques remarques concernant l'article (et son interpretation):
- tout d'abord, il faut se rappeller que ce "n'est" qu'un article de Libe, et non une these ou un grand reportage. On ne peut donc pas leur demander de faire un portrait complet de l'expat moyen. Ce serait a mon avis, un bien grand boulot et on s'appercevrait de tout facon, que la notion d'expat moyen est aussi reductrice que celle de l'americain moyen ou du francais moyen, pour ne prendre que ces exemples.

Cet article a donc choisis de montrer une facette de l'expatriation, qui est sans doute tres dependante de l'etat d'esprit du journaliste.
- En ce qui concerne les fameux 15%, je comprends pas pourquoi vous voulez savoir la duree ? La phrase dit que c'est quelque chose de definitif !

La question que je me pose (mais qu'on se pose souvent avec les stats dans des articles de journaux), c'est sur quoi est base ce calcul ? Est-ce sur un sondage du type "vous etes expatrie francais au Quebec, souhaitez vous revenir en France un jour ?" (et dans ce cas, le chiffre n'est pas tres fiable sauf grande population sondee), ou est-ce sur les visas (j'avoue ne pas savoir comment ca fonctionne au Quebec), etc...
- En ce qui concerne la difficulte pour trouver un emploi, je ne comprends pas comment on peut ne pas etre d'accord (a moins d'etre dans une filiere particulierement prisee). Mais je ne pense pas que ce soit du aux entrepreneurs, c'est du a la politique economique. A force d'introduire des rigidites et des protections pour les salaries, on empeche le bon fonctionnement du marche de l'emploi. Alors je ne dis pas qu'il faut etre completement liberal, mais il faut une juste mesure, un certain equilibre...

D'autre part, avec le nombre de chomeurs, pourquoi les entrepreneurs ne feraient-ils pas la fine bouche ?
- En ce qui concerne les commentaires de l'article, ils me font penser a certains commentaires trouves sur le site de TF1... Pas objectifs, critiquer histoire de critiquer, etc...

Mais au moins, ca fait venir de nouveaux lecteurs ! Enfin, sur cet article du moins...
Bien j'arrete la sinon je vais y passer la nuit...
Note a Miss Lulu: attention a tes minettes, ce blog est interdit aux chats.

8. On Monday 15 August 2005, 00:42 by Damien B

Cher Cloporte, vous venez de gagner mon estime en prouvant que vous avez lu et l'article de Libé et mon troll : j'apprécie.
Ce n'est effectivement qu'un article au milieu du dossier de Libé (je n'ai vu ça qu'après), mais qui ne dit pas franchement que plutôt que de s'intéresser aux raisons des départs, ils ont choisi un ensemble de raisons et construit l'article là-dessus. C'est grosso-modo tout ce que je reproche, le reste c'est de l'habillage sur mes thèmes récurrents, mais évidemment, quand on débarque pour attaquer bille en tête, on ne risque pas de savoir.
"En ce qui concerne les fameux 15%, je comprends pas pourquoi vous voulez savoir la duree ?" Parce qu'on parle de 85% qui quittent *définitivement*. La seule façon de connaître cette définitivité, c'est si elle se situe dans le passé, donc après la mort de l'expat. Ce qui condamne une statistique aussi définitive à être basée sur des expatriations anciennes.
"En ce qui concerne la difficulte pour trouver un emploi, je ne comprends pas comment on peut ne pas etre d'accord". Et je ne comprends pas que vous ne soyez pas d'accord avec moi :-) Ce que je dis simplement est qu'avec 3 millions de chômeurs en France, on n'a pas le droit de dire que trouver un emploi sera facile dans tous les cas de figure. On peut voir ça sous deux aspects : refus d'embauche et pas de tâches à donner. A la lecture de cet article, on a l'impression d'une cabbale envers ces personnes, mais si un employeur a le choix (et en général il l'a), que va-t-il faire, et que fairaient ces potentiels salariés à sa place ?

Deuxième aspect, envoyer des candidatures spontanées à des entreprises qui n'ont pas de problème d'effectif... qu'espérer ? Le modèle de l'entreprise sociale on connaît, mais même le vieux Michelin n'est plus là pour en parler.
Maintenant, on a le droit d'être entrepreneur, on a le droit d'aller voir en province s'il n'y aurait pas du boulot. Maxime Ritter évoque les bijouteries du Cantal, c'est un très bon exemple. Pourquoi est-ce qu'il n'y aurait pas de bijouterie qui recrute dans le Cantal ? On ne vend pas de bijoux dans le Cantal ? Il n'y a pas de tissu économique là-bas ? Il n'y a rien à construire ? On retombe dans la logique d'assistance, où si rien n'est *proposé*, rien n'est à faire.
"Pas objectifs, critiquer histoire de critiquer, etc..."

C'est mon blogue, je fais ce que je veux ! J'exprime mon opinion sur mon espace. Et celle ci est critique vis-à-vis de cet article qui à mon sens manque de nuance, de recul et de mise en perspective. Cet article fait parti d'un dossier, de la même manière que ce post fait parti d'un ensemble plus vaste, vous vous retrouvez dans l'exact cas que vous me reprochez :-) Ah non, je ne suis pas allé voir sur le site de TF1 si votre commentaire m'y faisait penser.
"Mais au moins, ca fait venir de nouveaux lecteurs ! Enfin, sur cet article du moins..."

Je ne cherche pas l'audience, et ça ne fait pas venir de nouveaux lecteurs. Ca fait venir des commentateurs "fire&forget" certes, mais des qui lisent et qui dépassent leurs préjugés quant à l'auteur de ces lignes, ça reste à prouver.

9. On Monday 15 August 2005, 00:45 by Damien B

Hop, et pour la dernière personne qui viendra lire ces commentaires (oui, d'après mes comptes il n'en reste qu'une), voilà un commentaire que j'aurais aimé trouvé ici :

"peut-etre que le fait d'être expatrié donne l'impression qu'on a choisi son enfer parmis plusieurs enfers, ou son paradis parmis plusieurs paradis... et aussi qu'on apprécie mieux les bonnes choses de son pays d'origine et de celui d'adoption. c'est pas que tout soit horrible en france et tout parfait ailleurs, mais c'est qu'on a pu fait le choix qu'on voulait et les sacrifices qui vont avec en toute connaissance de cause. et on ne s'est pas laissé faire. et puis ce qui est mieux ce n'est peut-etre pas l'autre pays mais c'est de partir! meme si c'est pour revenir. ca donne une autre vision du monde."
Ca donne un autre point de vue... c'était de Miss Lulu, et c'est ici : http://americangazette.canalblog.com/archives/2005/08/14/723642.html#c1029939

10. On Monday 15 August 2005, 00:48 by Damien B

Allez hop, de toute façon ma pause déjeuner est fichue (et pardon pour la faute à "trouvé"), un autre point de vue intéressant :
"Personnellement, je trouve cela assez positif, que les jeunes aient envie d'aller voir ce qui se passe ailleurs. Cela montre qu'ils sont moins frileux que leurs parents. [...]

L'exportation de jeunes n'a pas que des inconvénients: elle est formatrice, elle permet de mieux faire connaître notre pays. Et une bonne partie de ces jeunes reviendront un jour avec dans leur besace des méthodes et des connaissances acquises à l'étranger..."

http://usa.blogs.liberation.fr/2005/08/de_retour.html

11. On Monday 15 August 2005, 12:33 by Cloporte

Merci pour l'estime gagnee, j'avais en effet lu l'article mis en lien sur le site "Le nid du Piou".
Bien... reponse au commentaire du commentaire :-)
Concernant le fait que ce soit un article, nous sommes bien d'accord, c'est centre sur ce que le journaliste a voulu montre...
En ce qui concerne les 15%, je ne pense pas que ce soit base sur des personnes ayant demenages il y a quelques decennies, effectivement (sinon, le chiffre n'a aucun sens dans ce contexte). Donc je pense que c'est un chiffre a prendre a titre indicatif, et non formellement. Mais il y a probablement une bonne partir de personnes qui ne reviennent pas en France, ca ne m'etonne pas ! De toute facon, si on est partis, SOUVENT, c'est a la fois parce que l'autre pays semblait attirant, et la France moins. Ensuite, soit on s'est trompe, soit on est satisfait...

Si le nombre de personnes restant a l'etranger est eleve par rapport a ceux qui reviennent, c'est probablementparce qu'il y a plus de personnes qui souhaitent partir que de personnes qui partent simplement pour faire une "experience". Et quelque part, je pense que c'est revelateur d'un probleme.

Je reviendrait sur ce point plus tard...
Pour la difficulte a trouver un emploi, je pense que j'avais mal compris votre reponse...

Il y a des entrepreneurs qui ne font peut etre pas l'effort de donner sa chance a des chomeurs et d'autres qui ne peuvent pas se le permettre !

Je vais prendre l'exemple des USA, puisque j'y vis depuis 2 ans: ici, les employeurs peuvent engager des gens parce qu'ils ont la volonte de travailler, de se qualifier etc... Et si cela fait six ans que la personnes est en dehors du marche de l'emploi (par ex: une femme qui veut s'occuper de ses enfants jusqu'a leur entree en primaire), elle peut trouver du boulot dans sa branche (et non pas seulement comme caissiere si elle a en poche un Master...). Les gens ont aussi la possibilite de se former a l'universite ou autre, a n'importe quel age. J'ai un copain qui fait un Master, il a eu 50 ans.

Et ce pourquoi ? Parce que les entreprneurs peuvent se permettre d'embaucher une personne meme si elle n'est pas ou plus qualifiee, puisqu'ils peuvent la virer sans probleme ! Ils ont tout a gagne: ils peuvent tomber sur une perle rare, comme sur un "branleur" qui se verra plus ou moins gentiement remercier...
En ce qui concerne la logique d'assistance, je ne suis pas sure que cela puisse s'appliquer a un expatrie, et ce pour la bonne raison qu'il n'est pas si evident de s'expatrier. Ne serais-ce qu'envisager de quitter tout ce que l'on connais et maitrise pour prendre un depart, plus ou moins a zero ! Ensuite, certaines expat sont plus ou moins faciles, suivant si on reste dans un pays francophone ou non, avec une culture tres differente, une monnaie differente et bien sur la distance avec famille et amis. Il faut voir tous les problemes administratifs a regler, les demenageurs etc ! Alors un reel assiste... il fera plutot des petits boulots et profitera de ses allocations chomage entre !
Par contre, je suis d'accord sur le principe que les francais, de maniere generale, devienent de plus en plus assistes. Certains profitent et abusent des allocs, ils n'y a pas (ou peu)d'entraide et de charite entre les gens car la secu surviens (en general)aux besoins de base. Certes, c'est fabuleux de voir que les gens sont aides, et n'omt pas de difficulte pour l'acces a la sante ou pour se nourrir. Mais il y a le revers de la medaille: les gens ont moins de contact. Le schema "metro-boulot-dodo" les rends aigris. Et c'est peut etre la le probleme de la France : trop de social tue le social.

Maintenant, ce n'est qu'une refflection personnelle. Peut etre ais-je tord. Mais vu d'ici, ca me frappe !
Pour le fait que ce soit votre blogue, et d'y ecrire ce que vous voulez, c'st tres juste. Je me suis moi-meme vu reprocher de commenter des sujets serieux alors que je parle de nains de jardins voyageurs sur le miens ;-) Vive la liberte d'expression. Mais ce n'etait qu'un commentaire sur le style, pas une interdiction de publier :)

12. On Monday 15 August 2005, 13:12 by Bertrand

Puisqu'on en est à retourner cette fameuse phrase ("seuls 15 % choisissent de revenir en France") dans tous les sens, j'ajouterais qu'il ne faut pas oublier qu'il y a le mot "choisissent" dans ladite phrase. Car je crois (rien d'affirmatif là-dedans) qu'il y a une certaine partie d'expatriés qui ne sont pas forcément maîtres de leur destin. Et donc que si quelqu'un rentre en France après avoir déchanté (pas d'emploi, etc.), il ne sera pas forcément comptabilisé dans la statistique telle qu'elle a été formulée car il ne l'aura pas choisi de rentrer, il y aura été contraint. Ce qui met donc de l'eau au moulin de ce chiffre sorti de nulle part.
Tout cela pour dire qu'encore une fois, des statistiques se manient avec des pincettes et sont évidemment sujettes à caution, tant par la formulation de leur résultat que par leur méthode de calcul. Finalement, ce que j'ai retenu du dossier, c'est son esprit général, sans me soucier des détails. Et je le trouve plutôt révélateur, dans un sens.

13. On Monday 15 August 2005, 13:17 by Princess

Je confirme quand même (ayant testé 2 ans de chômage en France) que sans 'vrai' diplome, personne ne te donne ta chance par rapport aux USA...

14. On Tuesday 16 August 2005, 12:54 by zap

Les journalistes de Libé ont-ils tenté l'expat en province ? La province, ses loyers raisonnables, ses gens qui se parlent chez le boulanger (le vrai, pas le fournil), son espace, ses quotidiens régionaux...

15. On Wednesday 17 August 2005, 12:38 by Damien B

On ne peut même plus partir de son blog deux jours, heureusement qu'après ça va se calmer.
@Cloporte
Je ne vais répondre que pour les points sur lesquels je suis un peu moins enthousiaste.

"Ils ont tout à gagner : ils peuvent tomber sur une perle rare, comme sur un "branleur" qui se verra plus ou moins gentiment remercié..." Malheureusement non, ils n'ont pas tout à gagner. Quand je reçois un CV, je regarde ce qu'il y a à gagner, et surtout ce qu'il y a à perdre si on se trompe dans le recrutement. Et la perte existe, le branleur peut ne rien faire, mais en général le branleur fait perdre du temps aux autres : formation, passage de connaissances ; suivi accru de la progression du travail ; aide dans le travail ; entretiens pour voir ce qui ne va pas et ce qu'on peut faire ; interrogations pour savoir si il faut le virer ou pas ; etc. Tout ça prend du temps. Et une fois qu'on l'a viré, le temps investit sur la personne est perdu, le travail mal fait est à refaire, le travail qui devait être fait l'a été par d'autres personnes en heures supplémentaires, et le travail moins urgent devient urgent. Législation "libérale" ou pas, il ne faut pas croire que c'est si difficile que ça de virer quelqu'un en France, 3 mois de période d'essai pour les cadres et 1 mois en général pour les non-cadres, si on a un bon timing de recrutement, c'est tout à fait suffisant. Ensuite on a toute la panoplie des licenciements pour faute (et les français sont moins procéduriers que les américains pour aller au tribunal), et ensuite les licenciements pour incompétence si prévu dans le contrat de travail. Le problème en France se situe plus au niveau des licenciements pour diminution ou disparition d'activité, ce qui est un cas complètement différent, et où l'entreprise à partir d'une certaine taille doit s'embarquer dans la longue et lourde procédure du plan social.
En ce qui concerne l'assistanat, je le mets au niveau du discours dans l'article "on ne me DONNE pas de travail, alors que [mille et une raisons]". C'est ce discours qui place l'entreprise avec des emplois à distribuer, hop, et selon les critères du chercheur d'emploi, qui bien sûr, le mérite... parce qu'il le vaut bien. Ca c'est de l'assistanat, c'est attendre d'un autre, qu'on ne cherche pas à comprendre, qu'il nous donne quelque chose que l'on mériterait intrinsèquement. "Il faut voir tous les problemes administratifs a regler, les demenageurs etc !" Les problèmes administratifs pour la partie sortie de France sont très légers, une déclaration aux impôts et c'est fini. Et pour un français, obtenir un visa pour un pays étranger est en général beaucoup moins lourd que la visite mensuelle à l'ANPE :-) Et puis quand on est non-imposable et en recherche d'emploi, le déménagement ne pose pas vraiment de problème :-)
Voilà voilà, pour le reste, rien à commenter :-)

16. On Wednesday 17 August 2005, 12:41 by Damien B

@Bertrand
Plutôt révélateur sur la nature des expatriés ou plutôt révélateur d'une opinion sur la France par le prisme de l'expatriation ?

17. On Wednesday 17 August 2005, 12:56 by Damien B

@Princess
Je n'ai jamais dit le contraire ! Et puis il ne faut pas oublier qu'en France ça marche énormément par réseau, le diplôme n'est pas la seule voie de l'embauche.

18. On Wednesday 17 August 2005, 15:52 by Laurent

[C'est plus des commentaires ici, ce sont des romans...]
[Trop dur l'addition, j'ai dû prendre ma calculette...]

19. On Saturday 27 August 2005, 08:16 by dda

?? aka Vénérable Grande Nouille mentionnait le nombrilisme. Je ne peux qu'aquiescer benoîtement, tout en pointant vers l'autre bout du spectre français, tout aussi nombriliste, mais d'une autre genre, l'intégriste francaoui. Je cite, tiré d'une liste email d'un groupe "Logiciels Libres" [équivalent d'un Linux User Group dans les provinces] :

Le Samedi 27 Août 2005 09:49, Intégriste a écrit :

>> Le samedi 27 Août 2005 02:40, Moins Intégriste a écrit :

>> Voici un message que Olivier Blin a envoyé sur la liste cooker.

[suit un article en anglais]

> Il est écrit en étranger.
"Il est écrit en étranger" Vous y croyez ? [Et ce message a été soutenu par d'autres, ensuite]. Pas le genre à s'expatrier, hein ? Je sais que j'habite une région un tantinet conservatrice, peuplé en partie par des Néanderthaliens rétrogrades et indépendantistes [et qui ne sont même pas foutus d'écrire français correctement], mais à ce point... Je vois qu'onze années d'expatriation m'avaient fait perdre contact avec la réalité "vraie" :-)
Moi, j'avais déjà du mal avec l'extrémisme Linuxien, mais si on y rajoute l'intégrisme linguistique...
1+95, je craque

20. On Saturday 27 August 2005, 14:18 by Damien B

Je vois que JRoller n'a toujours pas corrigé le bug sur l'UTF-8, tant mieux :-)