Assistés, vous avez besoin de plus d'assistance

A l'heure où la mode est de dénoncer l'assistanat, les retraités et les jeunes, un jeune se lance dans un mode très libéral dans le renforcement de l'assistanat (via Embruns). Son concept est le suivant : les français ne changent en moyenne pas assez souvent de brosse à dent, pourquoi ne pas les assister dans cette démarche en leur envoyant une nouvelle brosse à chaque fois qu'il est temps d'en changer. On a le droit de parler d'innovation, le mot est de toute façon tellement galvaudé dans notre bulle 2.0 (depuis -1.0 d'ailleurs) qu'il a perdu toute substance. Le concept même est de profiter de l'irresponsabilité des gens afin de leur vendre un service qui vise à combler ce qu'on pourrait appeler par ailleurs, un manque de savoir-vivre.

Si l'on se replace dans le grand schema patronal des choses, que j'ai d'ailleurs côtoyé mardi dernier sous la forme d'un cadre dirigeant d'un grand groupe industriel français, c'est de la faute de l'Education Nationale, et en particuliers des facultés qui ne font pas leur travail. Il fut relayé par un confrère qui asséna que les français n'avaient pas "les bases", qu'un français ne savait "rien faire", alors qu'un chinois était immédiatement employable. Il faut reconnaître que les chinois ont une capacité étourdissante à répondre par l'affirmative quand on leur demande s'ils savent faire telle ou telle chose. Le français aura lui plus tendance à mettre en doute ses capacités, risquant même, oh impolitesse suprême, à demander une formation rigoureuse. Cette comparaison est certes un peu caricaturale, mais il faut bien se mettre à un niveau d'explication accessible à un libéral. Vous vous doutez bien que demander des précisions sur ce qu'étaient ces fameuses bases n'a apporté qu'une moue de stupeur ; quand l'interlocuteur est habitué à procéder par raisonnement dit "évidemment inductif", il lui est bien difficile de valider les étapes. Ce manque de savoir-vivre, de savoir-être en entreprise, n'est donc absolument pas lié aux entreprises et à leurs investissements ridicules dans la formation, la recherche et les coopérations avec l'enseignement. Anecdote amusante, ce cadre à haut potentiel qui reprochaient à tous ces français incultes de lui envoyer des CV alors qu'ils ne parlaient pas chinois, ne parlait lui-même pas chinois, n'était pas très à l'aise avec des baguettes, et n'a quasiment pas touché aux plats qui défilaient, comme si on lui présentait je ne sais quelle nourriture réservée au bas-peuple.

Pour en revenir donc à nos brosses à dent, la volonté est donc d'enferrer les français dans un assistanat endettant, de rentrer en conflit avec les actions d'éducations qui contrent ce modèle économique, tout ça pour dire au final : ils sont trop assistés, ça nous a perdu, je vous l'avait bien dit, c'était évident. Comment ça c'est tiré par les cheveux ?

Comments

1. On Thursday 13 April 2006, 21:39 by Bouilloire

Sa tête déconfite à table c'était tout de même "priceless" :-) On le sentait se decomposer à chaque nouveau plat arrivant sur le plateau central.

2. On Friday 14 April 2006, 03:46 by Damien B

Un bouffon à votre table, ça n'a pas de prix ; pour le reste il y a Greatwall Credit Card.