Pour abattre votre service public, coupez-lui les vivres

Deux exemples récents pour tuer son service public : à ma gauche l'assurance chômage, à ma droite les hôpitaux.

Pour l'assurance chômage, il s'agit de la mise en place d'une expérimentation par l'UNEDIC, où l'ANPE peut (doit) déléguer à des cabinets privés le soin de reclasser des chômeurs (choisis de manière... euh.. aléatoire ?). Et, ô surprise, d'après les mesures de l'UNEDIC (qui est en charge de payer les allocations chômage), le privé a un meilleur taux de réussite. Mais plus que le taux de reclassement, regardons le seul et unique critère de jugement d'un monde libéral : le pognon. Et là, c'est le drame : pour un taux de reclassement à peine supérieur à celui du public (dixit Carole TUCHSZIRER), le coût du privé est au minimum 4 fois supérieur. Qu'en conclure ? Qu'avec plus de moyens on fait du meilleur travail ? Ou que « il est normal que les entreprises qui offrent des prestations supérieures soient mieux rémunérées[...]. Ce qui compte, c’est le résultat. » ?

Pour les hôpitaux, on trouve à la base une petite phrase d'un haut placé de la Générale de Santé ("premier groupe d'hospitalisation privée en France et en Europe"). Impossible de mettre la souris sur l'origine de la citation, mais il suffit de parcourir les interventions de Daniel BOUR (président du directoire) pour se faire une idée. A la base de toutes ces querelles, le privé qui déclame que d'après ses études (privées), il est le plus efficace (et de loin). La réponse ne se fait pas attendre, sous la forme d'une étude du public (commanditée par la Fédération Hospitalière de France) qui, ne contredisant pas le privé sur le global, remet tout simplement en cause le cadre de la comparaison. La comparaison est en effet facile, encore faut-il prendre en compte ce qui est comparable ; c'est ce que nous explique sur son blog Guy VALLET, directeur général de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille (via La lettre volée). On compte néanmoins sur l'IFRAP (l'association contre les méchants fonctionnaires) pour nous remettre un peu de désinformation au milieu de tout ça.

Comments

1. On Wednesday 4 October 2006, 13:07 by Florent

La première chose qui me surprend, c'est que Guy VALLET puisse écrire que le public et le privé ne traitent pas les mêmes cas, et donc ne sont pas comparables, mais que néanmoins, le public n'est pas plus cher que le privé. Formidable ! On retombe dans l'incomparable comparé !

Ensuite, je trouve un peu facile de souligner les cas non traités pas les hôpitaux privés, et d'oublier de parler des cas communs, comme la chirurgie des yeux par exemple.

Enfin, je trouve dommage que le problème de l'accueil et de l'encadrement ne soit pas abordé.

2. On Wednesday 4 October 2006, 13:31 by Florent

Concernant le traitement des chômeurs par le privé ou le public, je suis tombé il y a quelques semaines sur un débat sur France Classique entre un responsable de l'UNEDIC, un reclasseur de l'ANPE, un syndicaliste CGT et un responsable de je ne sais plus quel organisme privé.

On y apprennait que le privé ne touche son troisième tiers qu'à la condition que l'ancien chômeur soit toujours en poste après six mois de travail, que le privé récupère les dossiers les plus difficiles de l'ANPE et que tous comptes faits, l'UNEDIC dépense moins d'argent car les économies réalisées par les placements privés sont plus importants que leurs honoraires.

Les personnes de l'ANPE et de la CGT soulignaient que le privé empiétait sur le service public et s'enrichissait sur le dos des chômeurs. D'après la personne ciblée, le bénéfice serait de 13-15 % après l'obtention du troisième tiers.

Un discours au final différent de celui tenu par l'humanité. Il n'y a plus qu'à attendre les résultats obtenu sur deux ans pour voir si oui ou non, l'UNEDIC ment quant aux économies réalisées.

3. On Wednesday 4 October 2006, 15:59 by Damien B

"On y apprennait que le privé ne touche son troisième tiers qu'à la condition que l'ancien chômeur soit toujours en poste après six mois de travail"

Moui, sachant que le privé est au moins 4 fois plus cher le public, dès le premier tiers (ie, la prise en charge), le coût est déjà plus important. Dur dur les maths...

4. On Wednesday 4 October 2006, 16:04 by Damien B

"La première chose qui me surprend, c'est que Guy VALLET puisse écrire que [...] le public n'est pas plus cher que le privé."

Je ne vois pas où il dit ça... Qu'est-ce-qu'on vous apprend d'autre à ta cellule ? La division par 3 c'est déjà oublié, et visiblement on est passé au stade de la lecture binaire ; c'est beau l'obscurantisme Populaire.

5. On Wednesday 4 October 2006, 18:02 by Florent

Les maths ne sont pas durs, j'arrive encore (un peu) à compter. Le fait est que d'après la personne interviewée, le troisième tiers est nécessaire pour atteindre la rentabilité. Maintenant, je n'ai aucune raison de mettre sa parole en doute, pas plus que j'en ai de croire les enragés aigris de la CGT.
Si aujourd'hui les cabinets de recrutement existent, c'est qu'ils ont probablement une valeur ajoutée par rapport à l'APEC. Pourquoi les personnes pointant à l'ANPE ne pourraient pas en bénéficier, de cette valeur ajoutée ?

6. On Wednesday 4 October 2006, 18:09 by Florent

Je ne sais plus où je l'ai vu. Je l'ai effectivement retiré du commentaire que j'ai laissé sur son blog à la relecture. J'ai du lire entre les lignes :)
En tous cas, son billet m'a bien fait rire ! J'espère qu'il en écrira d'autre comme celui-ci.

7. On Wednesday 4 October 2006, 18:19 by Florent

"L’activité de garde sur place que l’on ne retrouve quasiment pas dans les établissements
privés peut représenter une charge très importante pour les hôpitaux (d’une vingtaine de
gardes ou astreintes dans un gros centre hospitalier à plusieurs dizaines de gardes et
astreintes chaque nuit dans un CHU). Cela représente un coût considérable pour l’hôpital,
car l’activité ne peut pas, bien sûr, être optimisée. Une présence médicale ou non médicale
24 heures/24 et 365 jours/365 coûte 5 fois plus cher par rapport à une activité diurne les
jours ouvrables."

Dans un monde idéal, peut-être ! Dans la réalité les gardes sont faites par des internes payés moins d'une journée de travail standard pour bosser la nuit et/ou le week-end. Il se foute vraiment de la gueule du monde. J'espère voir le chapitre "les médecins sont trop payés" avant la fin de l'étude !

8. On Wednesday 4 October 2006, 18:24 by Florent

"Les directives européennes sur le temps de travail des médecins et sur le repos de sécurité
obligatoire ne s’appliquent pas aux médecins non salariés des établissements privés. Si elle
permet assurément une meilleure sécurité ainsi qu’une meilleure qualité des soins, la
nouvelle réglementation issue de ces directives a un impact très lourd sur les structures
publiques et fausse donc la comparaison entre ces deux secteurs ; il est d’ailleurs assez
incompréhensible que ces normes sécuritaires ne soient pas appliquées aussi
dans les établissements privés."

C'est ça ! Elle est aussi bien appliquée que les 35h ! J'aime par dessus tout la petite phrase finale "mais chez nous, c'est vachement mieux qu'ailleurs !" Ben voyons ! C'est même pour ça que les spécialistes vous propose une opération en clinique privée pour le même prix qu'en hôpital ! C'est parce que l'hôpital est trop bien pour vous !

9. On Wednesday 4 October 2006, 18:24 by Florent

Et en plus, je me fais bloquer par l'anti-spam !

10. On Wednesday 4 October 2006, 18:25 by Damien B

"Il se foute vraiment de la gueule du monde"

Ca c'est bien vrai, il ne sait même plus faire la différence entre un singulier et un pluriel... ce qui nous ramène aux problèmes précédents avec l'arithmétique :-)

11. On Wednesday 4 October 2006, 18:27 by Damien B

"Et en plus, je me fais bloquer par l'anti-spam !"

T'as qu'à arrêter de faire la pub de certains médicaments !

12. On Wednesday 4 October 2006, 18:34 by Florent

Maitenant, il est vrai que pour les cas lourds, rien ne remplace l'hôpital.

13. On Wednesday 4 October 2006, 18:36 by Florent

Tu as oublié de relever le "proposent"

14. On Wednesday 4 October 2006, 18:38 by Damien B

"Le fait est que d'après la personne interviewée, le troisième tiers est nécessaire pour atteindre la rentabilité."

C'était encore la présidente de l'UNEDIC au micro ? Elle aussi elle a des problèmes avec les chiffres ? Le privé le moins cher a fait une réponse à l'appel d'offre au-dessus de 3.000 euros : 1/3 x 3.000 = 1.000. L'ANPE peut allouer un budget moyen par chômeur de... 650 euros. Un dossier confié, et tu as déjà dépassé ton budget de 33%. Et ce n'est pas un excité de la CGT qui le dit, mais pour ça, il faudrait que tu travailles tes sources :-)

15. On Wednesday 4 October 2006, 18:39 by Damien B

« Tu as oublié de relever le "proposent" »

Je suis dans le privé moi monsieur, je brosse en surface, je ne suis pas là pour m'assurer que tout est correct !

16. On Wednesday 4 October 2006, 18:53 by Florent

L'ANPE alloue un budget... J'imagine que le reste sert à payer les super têtes qui vous proposent - enfin, qui vous disent de vous démerder pour trouver - des offres pour lesquelles les CV en réponse qui n'auront pas tous les mots-clés seront systèmatiquement refusés. Ou peut-être n'ont-ils toujours pas fini de rembourser leur superbe logo...

De toute façon, pendant ce temps là, c'est l'UNEDIC qui régale ! Très professionel d'ailleurs, le "vous êtes sûr de vouloir ce travail ? Il est moins bien rémunéré que ce que votre chomage vous offre !" Leur incompétence et leur jemenfoutisme sans borne me rend malade...

17. On Wednesday 4 October 2006, 19:10 by Damien B

Oh oui, une analyse détaillée du budget de fonctionnement de l'ANPE ! Ah non pardon, juste une bordée de préjugés, je suis déçu.

18. On Thursday 5 October 2006, 09:44 by Florent

Ni analyse, ni préjugés ! Juste une hypothèse de travail, d'où le "j'imagine".

19. On Sunday 3 December 2006, 08:53 by olivier toma

et oui en effet tous les rapports officiel, cour des comptes, Igas, etc...prouvent que le secteur privé est plus efficient puisque a normes identiques, il soigne plus de gnes pour moins d'argent, in y incluant les honoraires des praticiens libéraux.
Pire, l'hopital public beneficie de subventions pharaoniques ( MIGAC) qui representent 10 milliards d'euros en 2 années en plus de tarifs du double de ceux du secteur privé...
je suis a disposition pour fournir les chiffres officiels de tout cela.
Olivier TOMA
toma@scscom.org

20. On Sunday 3 December 2006, 10:18 by Damien B

Ces chiffres officiels mériteraient une présentation accessible sur le site web de votre association, qui dans les pages que j'ai lues, pratique malheureusement trop souvent le mélange des genres. D'autre part, "il soigne plus de gens pour moins d'argent" est la dernière des choses que je m'attends à entendre quand on parle du traitement de la santé, vu la non-réduction possible de la problématique à cette dimension. Evidemment, si vous réduisez le problème à cela, nul besoin de discuter d'une différence public-privé.

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