Deniso, Masseno et Apatho : les nouveaux pieds nickelés du journalisme ; Partie 2 - la défense

Après la description de l'attaque contre l'appel "pour une vigileance républicaine" (sur un seul des quatre points de l'appel), qui a glissé en une attaque personnelle contre la personne de Jean-François Kahn, désigné auteur de l'"appel", voyons l'argumentation exposée par Jean-Michel Aphatie pour démontrer que le premier point de l'"appel" est stupide. Rappelons la phrase en question : "Les soussignés [...] entendent réaffirmer : Leur attachement au principe républicain et, en conséquence, leur refus de toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel confinant à la monarchie élective.".

Le raisonnement est plus détaillé sur le blog du journaliste que pendant l'émission, synthétisons :

pouvoir personnel
C'est ce que disent tous ceux qui ne sont pas au pouvoir, à commencer par Mitterand quand De Gaulle était président.
pouvoir purement personnel
Purement pour faire référence à un pouvoir impurement personnel ?
monarchie élective
Mais où est la succession dynastique promise par ce terme ?

Et pour vous éviter des heures de lecture pénible dans un raz-de-marée de SMS et de phôtes (aussi appelé 'koms'), voici la synthèse des réponses à ces arguments :

pouvoir personnel
En quoi cette situation passée s'applique au présent ? Quelles sont les différences dans l'exercice du pouvoir entre Nicolas Sarkozy, et, par exemple, Charles de Gaulle ?
pouvoir purement personnel
Purement doit être lu dans son sens premier : "de manière nette, sans restrictions".
monarchie élective
1. Monarchie : système de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par une seule personne, le plus souvent par un roi héréditaire. 2. Nous n'en sommes pas là ! "toute dérive [...] confinant à la monarchie élective", la locution "confiner à" est importante : "toucher aux frontières, aux bords de (un autre lieu); être immédiatement voisin.".

Dans le Grand Journal, Jean-Michel Aphatie se demande qui a bien pu inventer ce terme de "monarchie élective". On peut lui donner une réponse partielle en regardant, par exemple, dans l'Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers de Diderot et d'Alembert (qui, on l'espère, ont dépassé le seuil de la médiocrité selon la métrique aphatienne). Et on trouve donc :

On appelle ainsi tout gouvernement dans lequel on ne parvient à la royauté que par élection; c'est saus doute une maniere très - légitime d'acquérir la souveraineté, puisqu'elle est fondée sur le consentement & le choix libre du peuple.

L'élection d'un monarque est cet acte par lequel la nation désigne celui qu'elle juge le plus capable de succéder au roi défunt pour gouverner l'état; & sitôt que cette personne a accepté l'offre du peuple, elle est revêtue de la souveraineté.

Par rapport à ce qui a été vu précédemment, on introduit la notion de la gouvernance du monarque jusqu'à sa mort. Ceci nous amène à la compréhension suivante de la phrase de l'appel : Leur attachement au principe républicain et, en conséquence, leur refus de toute dérive vers une forme de pouvoir exclusivement personnel, amenant aux frontières de l'élection à vie. L'élection à vie, c'est la forme ultime du pouvoir personnel, c'est ce que n'a pas eu Hugo Chavez, qui en avait demandé la possibilité par référendum (et le peuple a décidé que non). L'élection à vie, c'est ce qui est obtenu quand on a le pouvoir de changer les règles d'accès au pouvoir. Et ce qui est déclaré dans cet "appel", ce n'est pas le refus du pouvoir à vie, ni même la déclaration que Nicolas Sarkozy veut le pouvoir à vie. Ce qui est écrit, c'est que, par adhésion au principe républicain (que l'on n'a pas encore défini, c'est donc qu'il semble aller de soi), le signataire refuse les modifications dans l'organisation des pouvoirs, telles que ces pouvoirs se retrouveraient exercés (de manière légitime ou non) par une seule personne ; une conséquence logiquement concevable de telles modifications nous amèneraient en un régime proche d'une monarchie élective.

En conclusion, la défense se résume à ceci : il est étrange que dans les employeurs du trio (RTL et Canal +), aucun ne soit en mesure de fournir un dictionnaire à ses journalistes. Un second point est plus problématique : Michel Denisot et Arianne Massenet, plutôt que de travailler dans une démarche dialectique, ont appuyé Aphatie dans le sens de la curée.


Deniso, Masseno et Apatho : les nouveaux pieds nickelés du journalisme
Partie 1 - l'attaque
Partie 2 - la défense
Partie 3 - les réactions de la majorité

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