J'aime me promener dans ce quartier, remonter l'avenue Mozart qui était orange au Monopoly et que je n'achetais jamais. Tout le monde à l'air globalement heureux avenue Mozart. Les belles bagnoles sont garées en double file et attendent les enfants. Ils finissent leur sac et ils ont oublié le goûter. Ils partent à leurs cours de tennis, de danse et de piano. C'est mercredi, il fait beau. Il ne faudra pas oublier les devoirs en rentrant.

Ces enfants grandiront. Ils auront pour vague notion de l'ennui les cours de latin au collège et le sacro-saint repas chez tatie Aimée un samedi sur trois dans son quatre pièces du boulevard Suchet. Les gâteaux apéritifs fades et ramollis, les copains qui s'amusent dans le parc en face, les cris de joie ou de colère, les fringues en velours déchirés aux genoux. Je ne sais pas ce que laisse comme goût la cuillère d'argent dans la bouche. Sale curiosité.