Ce soir là, sans vraiment chercher, il comprit certaines choses. Le bilan n’était pas miraculeux certes, pas de quoi en écrire des lignes, mais c’était déjà cela. Il avait voulu remporter le Tour de France en s’entraînant deux heures par semaine et écrire son premier bouquin après avoir lu deux romans, et des minces. Il cultivait les impatiences comme les utopies. Et là, il faisait le coup avec l’amour, le grand, celui qui dure jusqu’aux cheveux gris et aux rhumatismes, quand on trouve l'autre aussi beau qu'au premier jour alors que le temps, cet enfant de salaud, il est passé. Fallait pas lui jouer le coup de l’amourette à lui, c’est des grands sentiments qu’il voulait. Et des attentions s’il vous plaît ! Comme dans les bouquins ! Ceux qu’il ne lit pas mais qu’il imagine bien. Avec les petits déjeuners au lit sinon c’est pas vraiment de l’amour.

Maintenant il écoutait des chansons, des tristes, en faisant bien attention aux paroles. Y’avait celle de la rousse dans la gare et celle du Nicolas qui se sent seul. C’était pas le même qu’à la télé, tout sûr de lui et tout, avec plein de copains et de gens dévoués pour la circonstance. Y’avait des chansons en anglais aussi, mais là c’était plus dur, à cause du bordel qu’il avait foutu en LV1 plutôt qu’écouter. Mais il comprenait un peu. Et sorrow ça devait vouloir dire chagrin à coup sûr. Ou pas loin.

Le lundi au soleil, c’est une chose qu’on aura jamais. Là c’était jeudi et il pleuvait.

Du jeudi au lundi ce serait long, surtout avec la pluie. Mais fallait attendre et puis c’est tout.

Et des fois, les chansons tristes, à la fin elles étaient presque joyeuses.