L'Opel Astra dévalait les routes de Bourgogne et je te voulais à mes côtés. Je regrettais de ne t'avoir enlevé de ta chambre. Quelques provisions, le plein, le périphérique et nous aurions quitté cet enfer de soins et de regards perdus.

Je me souvenais de nos vacances en juillet, du carnet où l'on notait les quantités d'essence et les kilomètres parcourus. Je me souvenais d'Argelès, du vent que j'appelais train-montagne. Une année nous avions trouvé un moineau blessé près de la mer et avions improvisé un nid de fortune. J'avais demandé au petit Jésus de faire quelque chose et Mamy m'avait promis qu'il serait guéri bientôt. Le petit Jésus, ça marchait, c'était obligé.

Je n'ai plus l'âge de croire aux miracles. Je te donnerais bien quelques années de ma vie, moi qui ne sais rien en faire. Je n'aime pas te voir là-bas. Je n'aime pas ton impuissance, notre impuissance. Le couloir de la chambre à la salle à manger est devenu une expédition. Nous ne ferons donc pas ce voyage. J'espère que tu retrouveras Mamy là-haut et que vous serez de nouveau heureux, que vous vous tiendrez la main comme au parc, comme avant. Je demanderai cela au petit Jésus le jour où tu t'endormiras.