Détends-toi, Papy. Détends-toi. Le soleil innonde ta chambre et tu seras bientôt libéré de tes perfusions et de ton oxygène. On n'a pas eu le temps de se dire au-revoir. Les mots manquaient, le temps aussi. Fais-toi beau. Là où tu pars, ça doit ressembler à la maison de Damville les jours d'été. Tu iras chercher un peu d'ombre sous le noyer tandis que Mamy fera la guerre aux mouches sous la véranda. Tu choisiras une voiture. J'aimais bien la Renault 18 bleu marine. Tu auras un vélo aussi et des outils pour le bricoler ; un étau, des clés plates. Il y aura une radio aussi, pour la musique, pour danser. Tu te souviens quand Mamy écoutait UB40 ?

Tu viendras nous voir de temps en temps. Tu verras la soeur de Raphaël et le baccalauréat d'Alexis. Tu nous feras signe les jours où tu nous manques. Tu me verras devenir Papy à mon tour et tu me préviendras si je tourne vieux con. J'étais fier de toi tu sais.