J'avais fait deux repas et vomi deux fois ; la corrélation était aussi évidente que les symptômes. Non je n'avais pas une gastro mais un alien dans le ventre. Cet alien me ressemblait en tout point. Mêmes yeux, même visage, même allure. Un vrai jumeau. Mais un jumeau qui n'avait sans doute rien compris au bonheur, préférant toujours plus quitte à sacrifier l'essentiel. Voulant souffrir les comparaisons et souffrant tout court au final. Le monstre se réfugiait désormais dans mes entrailles, réduisant ses manifestations à des remontées acides et des gargouillements grotesques. Il pouvait toujours crier, je ne l'écoutais déjà plus.

Mes mains collées au ventre je l'étouffais. J'avais encore mal.

D.B. en a profité pour me demander ce que je pensais de tous ces trucs que je viens de vous raconter. Je ne savais vraiment pas quoi dire. La vérité c'est que je ne sais pas quoi en penser. Je regrette d'en avoir tellement parlé. Les gens dont j'ai parlé, ça fait comme s'ils me manquaient à présent, c'est tout ce que je sais.

J.D. Salinger, l'attrape-coeur

Le nombre de posts d'un blog doit être à peu près proportionnel au degré d'ennui de son auteur.

Les récompenses de la semaine :

Pour Princess, de l'affirmation production romantique hollywoodienne :
"Je suis reconnaissant pour mon aptitude à écouter mon coeur et pas seulement ma tête."
"Je possède un coeur aimant et reconnaissant des plus infimes détails du quotidien, du simple geste de courtoisie au sourire d'un inconnu dans la rue."

Pour Florent, de l'affirmation libérale :
"La seule limite à ma réussite financière est celle que fixent mes pensées."
"L'abandon de mes anciennes croyances sur l'argent représente un défi passionnant et je suis prêt à changer ma vie pour toujours."

Pour Tanukame, de l'affirmation Shanghaïenne :
"En cet instant j'ai tout ce qu'il me faut."
"Je suis reconnaissant pour le chant des oiseaux au petit matin."

Rien au programme pour changer. Que faire une fois les podcasts du "fou du roi" écoutés ? Lire un bouquin ? "Dublinois" de Joyce. "L'or" de Cendras. Et après ? Sortir par -3°C. Se poser dans un café. Faire du tabagisme passif devant son monaco. Vivement lundi tiens.

Tout s'éclaire soudain. Marc se souvient ; il a l'air fin. Cette Anne, non seulement son visage ne lui est pas inconnu, mais en plus il l'a épousée voilà deux ans. L'ivresse l'avait troublé : Marc vient de passer la nuit entière à chercher ce qu'il avait sous la main.

Frédéric Beigbeder, Vacances dans le coma

Offre promotionnelle sur Zapclub : pour tout adage envoyé, deux affirmations positivistes reçues. Et j'ai de quoi répondre, rassurez-vous.

(sur un air de Mike Brant)

Tout ce que je donnerais pour appartenir à la tribu des optimistes. Un vélo, mon PEL, mes ordonnances.

Nouvelle idée de roman. Un truc d'anticipation bien moraliste, limite SF. Une boîte privée américaine développant des réacteurs nucléaires nouvelle génération sera achetée à prix d'or par une république bananière bien dotée. Description des négociations type numéro spécial de Capital. Une fois les réacteurs construits et l'électricité vendue, des ingénieurs avisés recycleront les déchets dans des containers spéciaux en forme d'ogive. Ils balanceront le tout depuis un gros navion sur leur voisin dont le Dieu est à chier. Des obscurantistes s'approprieront le concept sans forcément payer de droits d'auteurs - les ravages du P2P. Au final il y aura des feux de joie sur la Terre entière. Les cons disparaîtront ; les gens bien aussi.

La nature fera ensuite son boulot. Les radiations diminueront et l'herbe repoussera. Des siècles plus tard des fourmis géantes prendront le contrôle de la planète. Leur société assimilable à un sovkhoze géant fonctionnera des années durant sans trop de contestation. Puis une fourmi plus intelligente que les autres décidera de réinventer la télévision. Il y aura de belles et riches fourmis à l'écran et des consoeurs pauvres et moches pour les regarder. Les frustrations se multiplieront et les principes de solidarité tomberont en miettes. Ce sera de nouveau un magnifique bordel.

Nous dûmes donc courir les embuscades pendant des nuits et des nuits imbéciles qui se suivaient, rien qu'avec l'espérance de moins en moins raisonnable d'en revenir et celle-là seulement et aussi que si on en revenait qu'on n'oublierait jamais, absolument jamais, qu'on avait découvert sur la terre un homme bâti comme vous, comme moi, mais bien plus charognard que les crocodiles et les requins qui passent entre deux eaux la gueule ouverte autour des bateaux d'ordures et de viandes pourries qu'on va leur déverser au large, à la Havane.

La grand défaite, en tout, c'est d'oublier, et surtout ce qui vous a fait crever, et de crever sans comprendre jamais jusqu'à quel point les hommes sont vaches. Quand on sera au bord du trou faudra pas faire les malins nous autres, mais faudra pas oublier non plus, faudra raconter tout sans changer un mot, de ce qu'on a vu de plus vicieux chez les hommes et puis poser sa chique et puis descendre. Ca suffit comme boulot pour une vie tout entière.


Céline, Voyage au boût de la nuit

L'herbe est toujours plus verte chez le voisin. (surtout quand rien ne pousse chez soi)

Au hit-parade des petites phrases à la con nous trouvons désormais aux côtés de l'inusable "Demain ce sera mieux !" de Coach, le "Aime-toi d'abord et les autres t'aimeront ensuite !" de Léo, plus liturgique mais tout aussi crétin. Quoique Arthur donnerait bien raison à cet adage : il s'aime - beaucoup d'ailleurs - et il est aimé, voire adulé. Il a même une copine blonde. Une copine blonde qui reste en plus.

Sur le marché des matières premières le café et le sucre restent stables avec des consommations soutenues conformes aux prévisions. Le secteur pharmaceutique est par contre en pleine effervescence avec des raids importants sur le xanax et la codéïne. Le marché s'attend à de fortes synergies suite à l'alliance de ces deux ténors. C'était Jean-Pierre Gaillard en direct de mon estomac.

Nicolas Hulot renonce à la présidentielle. Mais pour qui va voter l'Abbé Pierre ?

Je voterai pour le candidat qui proposera une allocation xanax à tous les célibataires de longue durée. Il y a dans ce pays une fracture sociale entre d'un côté les petits couples saliveux et enjoués et de l'autre les sociopathes amorphes et fatalistes.

Les mauvaises nouvelles se succèdent comme les tubes merdiques sur l'antenne de Fun Radio. Cela en devient presque drôle.

Les œufs de lump étaient enfin étalés sur les blinis et j'arrosais maintenant un fond de rhum de quelques gouttes de Coca. Je déposais le festin sur la table basse du salon puis m’affalais sur le canapé. Je fêtais dignement l’abandon de mes recherches sur meetic et par la même la fin de tout espoir d’une vie amoureuse pendant les cinquante prochaines années.

Cette vie amoureuse avait débuté le 26 juin 1995 à Château-Thierry pour finir un 29 avril 2006 à Prague dans un bar-boîte poisseux et enfumé. J’allais désormais me consacrer à mon boulot, qui m’offrirait des activités sympas entre deux week-end chiants à mourir. Je claquerai une fois par an 750 euros dans un voyage lambda à plus de 8 heures d’avion histoire d’apprécier les ravages de la mondialisation. Des conclusions du type « tiens c’est marrant, le décathlon de Shanghaï a la même odeur que celui de St Denis » et quelques cartes postales griffonnées à la hâte pour la famille.

La finesse d'esprit de Steevy alliée à la plastique et la syntaxe de Jean-Claude Van Damme. L'orgueil d'un candidat UMP fraîchement investi. Bref de l'incontournable.

http://izbul2.skyblog.com/

Qui sera le premier bobo à écouter le nouveau Carla Bruni sur son Ipod rose fluo ?
La réponse lundi prochain dans "A nous Paris", le "news urbain diffuseur de tendances et révélateur de talents" comme ils disent si bien.

Samedi, gastro.
Dimanche, léger mieux.

Qui n'a pas a roulé 80 kms à Longchamp un lendemain de gastro n'acquiert pas la bravitude.

Dix ans d'expérience, de Mc Donald's à Rhône-Poulenc, m'ont persuadé que le manager idéal est un nul conscient de son ignorance et qui s'en fout, qui a su bien s'entourer sans faire d'ombre à personne, et dynamiser son personnel par la sympathie qu'inspirent ses fantaisies désamorcées.


Didier van Cauwelaert, Un objet en souffrance

Sur un site de rencontres dont je tairai le nom, une inscrite répondant au doux pseudo de "Gerbera".
Tout un programme.

Dans chaque tortue se cache un vrai cochon. Voire deux. C'est pas grave. Au contraire. Ca fait vendre des numériques : - )

Ils sont là au cas où, pour les soirs comme celui-ci. Ces soirs où il pleut, où l'on est seul, où il n'y a rien à la télé. Pas grand chose à faire sinon son sac. C’est la rentrée demain. Ils sont donc là au cas où, pour ces soirs-là. Deux ou trois dvd achetés deux ou trois euros il y a deux ou trois ans. On en choisit un au hasard, un pas trop long, pas trop envie de se coucher tard. « Les invasions barbares » pourquoi pas. 96 minutes.

De ces films dont on a envie de parler après mais dont on ne peut rien dire. Sauf paraphraser. Dont acte. Un de ces films où l’on devient moins con chaque minute - comme les héros dudit film. Un film type « Le temps qu’il reste », trente ou quarante baffes en plus, un héros aussi lucide, des larmes qui ne se retiennent pas cette fois. Et que ça pleure encore rien que d’y penser. Que ça inonderait presque le clavier. Qu’on sait enfin que le truc qui bat à gauche ne sert pas qu’à faire avancer un vélo. Qu’on repense à son grand-père, à sa grand-mère, qu’on a été con à ces moments-là, à se planquer à Clermont-Ferrand ou derrière une étagère à poser. Un film auquel il faudra penser les jours où on est con justement et ils seront encore nombreux ces jours. Un film auquel il faudra penser au moment où il n'en restera plus beaucoup de jours ; le temps où l’on n’aura même plus le temps d’être con.

Nous sommes donc le 1er, il est 10h et je passe l'aspirateur dans tout l'appartement. Le grand nettoyage du nouvel an. Que ça doit en réveiller du monde. Que ça doit faire mal à la tête tout ça.

Voici la playlist de mes voisins hier soir. Les murs sont pourtant épais mais les basses étaient facilement identifiables. Alors :

Benny Benassi - Inside of me ;
Britney Spears - Toxic ;
Nadya - Et c'est parti ;
Boris - Soirée Disco ;
Faudel - Tellement je t'aime ;
Kool and the Gang - Celebration ;
Outkast - Hey Ya ;
Lipps Inc. - Funky Town ;
Benny Benassi - Satisfaction ;

Ensuite je me suis endormi. Non pas que le volume avait baissé. Juste que mes somnifères faisaient enfin effet. Le blind test était terminé. Ardisson pouvait retourner rue Faubourg St Honoré.

2006 a pris fin à la station Stalingrad alors que je lisais "Voyage au bout de la nuit". Les passagers du métro 5 se sont mis à hurler et s'embrasser à partir de Jaurès. Un peu comme si on avait battu les Italiens à la coupe du Monde. Je suis sorti à Hoche et il pleuvait toujours dehors. Un parfait inconnu m'a souhaité une excellente année 2007. Le con. Je ne lui ai rien répondu. J'ai décidé d'être plus poli cette année.

La cagoule est partie.
Son propriétaire aussi.
Et c'est Papa qui a les boules.