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La fin des vacances

Les vacances se finissait sur un orage. La pluie lessivait les rues de Perpignan et j'égrenais un Modiano au café Terminus. Fleurs de ruine. Puis l’heure du départ, quai 2, voie A. Sentiment étrange. Contraste flagrant. Mon bermuda sale, mon pull vert foncé, mes coups de soleil. Sa robe noire, ses cheveux bruns, son nokia blanc. J’ai senti mon cœur accélérer. J’ai hésité une cinquantaine de secondes et j’ai griffonné un post-it jaune fluo. Stylo bleu machouillé, main tremblante. Je ne reconnaissais pas mon écriture. Je lui ai tendu le morceau de papier.

- C’est la première fois que je fais un truc pareil ! La fin des vacances sûrement.

Elle a lu les quelques mots.

- Moi c’est la première fois que je lis un truc pareil ; et ça me touche beaucoup. Beaucoup oui.

Blanc de quelques secondes. Conversation sur le conservatoire de Perpignan, le conservatoire de Rueil, la ville de Rueil, William Sheller, St Cyprien, la protection des canalisations de gaz, mes vacances, Barcelone. Le corail de 22h09 est arrivé à 22h18. Ses Vans ont échoué voiture 59, mes Asics voiture 58.

Le matin je l'ai guettée sur le quai sans jamais la trouver. En face une vieille locomotive à vapeur et un plateau de tournage. L’actrice ressemblait à Isabelle Huppert. Les derniers passagers se sont évaporés.

Le métro 5 dégoulinant de gens pressés. Son visage s’est effacé au fil des stations.

Il y avait du courrier dans ma boîte mais pas une lettre d'elle.


On a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà.


Ce soir là, sans vraiment chercher, il comprit certaines choses. Le bilan n’était pas miraculeux certes, pas de quoi en écrire des lignes, mais c’était déjà cela. Il avait voulu remporter le Tour de France en s’entraînant deux heures par semaine et écrire son premier bouquin après avoir lu deux romans, et des minces. Il cultivait les impatiences comme les utopies. Et là, il faisait le coup avec l’amour, le grand, celui qui dure jusqu’aux cheveux gris et aux rhumatismes, quand on trouve l'autre aussi beau qu'au premier jour alors que le temps, cet enfant de salaud, il est passé. Fallait pas lui jouer le coup de l’amourette à lui, c’est des grands sentiments qu’il voulait. Et des attentions s’il vous plaît ! Comme dans les bouquins ! Ceux qu’il ne lit pas mais qu’il imagine bien. Avec les petits déjeuners au lit sinon c’est pas vraiment de l’amour.

Maintenant il écoutait des chansons, des tristes, en faisant bien attention aux paroles. Y’avait celle de la rousse dans la gare et celle du Nicolas qui se sent seul. C’était pas le même qu’à la télé, tout sûr de lui et tout, avec plein de copains et de gens dévoués pour la circonstance. Y’avait des chansons en anglais aussi, mais là c’était plus dur, à cause du bordel qu’il avait foutu en LV1 plutôt qu’écouter. Mais il comprenait un peu. Et sorrow ça devait vouloir dire chagrin à coup sûr. Ou pas loin.

Le lundi au soleil, c’est une chose qu’on aura jamais. Là c’était jeudi et il pleuvait.

Du jeudi au lundi ce serait long, surtout avec la pluie. Mais fallait attendre et puis c’est tout.

Et des fois, les chansons tristes, à la fin elles étaient presque joyeuses.

Extrait qui va bien.

"Je vais me tuer !" qu'il me prévenait quand sa peine lui semblait trop grande. Et puis il parvenait tout de même à la porter sa peine un peu plus loin comme un poids bien trop lourd pour lui, infiniment inutile, peine sur une route où il ne trouvait personne à qui en parler, tellement qu'elle était énorme et multiple. Il n'aurait pas su l'expliquer, c'était une peine qui dépassait son instruction.

[...]

Il faudrait qu'il se résigne encore à accepter son croupissement et sa détresse. Mais pour le moment il était encore tout occupé, tout passionné à s'en barbouiller l'âme d'une façon dégoûtante de son malheur et de sa détresse. Plus tard, il mettrait de l'ordre dans son malheur et alors une vraie vie nouvelle recommencerait. Faudrait bien.


Louis Ferdinand Céline - Voyage au boût de la nuit

Pour faire plaisir à tout le monde

Aujourd'hui je décide que c'est le premier jour du reste de ma vie et donc d'être heureux de la moindre molécule d'air (N2, O2, CO2, O3,...) qui entre dans mes narines poilues. Et d'apprécier depuis la fenêtre de mon bureau les feuilles vertes du platane s'agiter dans le vent. En 2050, Clichy sera une dune de sable et j'en ai conscience. Je remercie chaque jour le Seigneur pour ma naissance en milieu tempéré à une distance raisonnable de mai 68. Et d'avoir un travail, chiant certes, mais un travail avec des perspectives de mutation dans 5 ans ce qui me laissera le temps de m'épanouir pleinement dans mes nouvelles fonctions qui m'ont déjà offert moultes anecdotes à resservir lors de mes soirées mondaines qui sont nombreuses je le sais, j'en ai conscience, d'où ce sourire sur mes lèvres.

Et ma santé, qu'elle est là ma santé aussi, avec tout plein de globules rouges, et blancs, qui s'agitent même un peu trop parfois dans ma pauvre tête quand je suis en face d'une névrosée de Meetic. Je remercie par ailleurs ce site pour les enthousiasmes qu'il m'a proposé, enthousiasmes certes évaporés depuis, et bien, mais enthousiasmes quand même. Et que c'est bien de tenter sa chance et de ne rien regretter car Carpe Diem comme disait Robin Williams avant de se pêter la gueule de sa chaise. Et je remercie Hollywood pour ces films qui nous remettent à notre place et nous montrent que les universités Américaines ne sont pas que des repaires à psychopathes Coréens.

Et je remercie le plombier Polonais d'assurer la maintenance du réseau de flotte et de m'offrir cette douche froide dont j'ai besoin. Trop de Bonheur d'un coup, tout ça.

L'homme qui prend la mer (et l'eau)

Donc je pars en catamaran à Barcelone dans moins d'une semaine. Un listing gentiment envoyé par l'organisateur stipule des semelles blanches et un ciré solide. Et de la joie de vivre s'il vous plaît car nous serons en communauté. Ma joie de vivre je l’ai oubliée à Cabourg et mon plan Léonardo di Caprio sur la proue en tennis et imper jaune le fait moyen.

Je rassemble tout ce qu'il me reste de médocs (somnifères, anxiolitiques, snickers...) que je place dans un plastique étanche avec un calepin où je consignerai mes remarques sur le caractère médiocre du séjour et la débilité profonde et sans doute congénitale de mes voisins de chambrée. Marc est un obsédé et Jean-Luc pue des pieds ; cela n'a rien à voir. Il y aura un con qui voudra nous prendre tous en photo. Histoire de. Il sortira un vieil Olympus 3 MP mode traces de doigt sur l'objectif. Le cliché ne ressemblera pas à grand chose. Rien ne ressemble d'ailleurs à grand chose ces derniers temps. Ou les restes d'une bourrasque à Paris ; une bourrasque qui n'emporte même pas les sales souvenirs.

Extrait (musical)

Qu'est ce que je donnerais pas pour être au chaud
Dans les bras de cette fille de St Malo
Qui serrait son matelot
Sur le quai.


Jacques Higelin - La rousse au chocolat

Ce matin

Je faisais mon Philippe Lucas dès 8h ce matin. Le type bourru qui arpente la piscine en pensant un peu trop à la grande partie comme une voleuse il n'y a pas si longtemps que cela.



XVIème

J'aime me promener dans ce quartier, remonter l'avenue Mozart qui était orange au Monopoly et que je n'achetais jamais. Tout le monde à l'air globalement heureux avenue Mozart. Les belles bagnoles sont garées en double file et attendent les enfants. Ils finissent leur sac et ils ont oublié le goûter. Ils partent à leurs cours de tennis, de danse et de piano. C'est mercredi, il fait beau. Il ne faudra pas oublier les devoirs en rentrant.

Ces enfants grandiront. Ils auront pour vague notion de l'ennui les cours de latin au collège et le sacro-saint repas chez tatie Aimée un samedi sur trois dans son quatre pièces du boulevard Suchet. Les gâteaux apéritifs fades et ramollis, les copains qui s'amusent dans le parc en face, les cris de joie ou de colère, les fringues en velours déchirés aux genoux. Je ne sais pas ce que laisse comme goût la cuillère d'argent dans la bouche. Sale curiosité.

Melody

This melody is a melody for you. Julien Clerc sur Nostalgie ; nostalgie d'un mercredi à fredonner cette chanson jardin d'acclimatation à l'époque où il était encore possible de fredonner des chansons, et des chansons joyeuses, et des chansons joyeuses à ton oreille.

Cette mélodie, c'est l'océan entre nous. Il refait moche sur Paris et des trucs nous séparent. Pas grand chose mais ça suffit pour océan. Et ça suffit pour se noyer. Couler.

Question

Soudain un doute, mais pour qui va voter Grégory Lemarchal ?
Nikos ?
Nico S. ?



Bibi il va pioncer...

Le débat prend des allures de Coupe du Monde dixit Pujadas. De qui viendra le coup de boule ? Seul suspense.