Jean-Pierre Coffe chez Jean-Marc Morandini

Un des auditeurs est scandalisé par le fait que Coffe ait jeté un fruit (végétal ayant poussé il y a quelque mois, cueilli avant maturité, congelé juste après et encore dûr comme du béton après décongélation) pris au hasard dans le panier d'accueil dans sa loge chez le roquet. Il parle de mépris pour ceux qui n'ont pas assez à manger, pour ceux qui ont fait pousser ses fruits, pour ceux à qui on a appris que finir son assiette était une des bases de la bouffe française. Qu'est ce qui est le plus anormal ? Jeter un végétal à peine comestible ou l'offrir à quelqu'un pour qu'il se restaure avec ? Le combat contre la faim est noble, encore faut-il ne pas se tromper de cible. Coffe donne peut-être un mauvais exemple, mais que faire de ces jeunes ? L'alimentation aujourd'hui, c'est la grande distribution, et c'est encore plus vrai pour les jeunes. Ne trouve-t'on pas exceptionnel quelqu'un qui connait les fruits et légumes de saison ? Quelqu'un capable de citer une trentaine de légumes sans hésitation ? La facilité pour se nourrir est telle que les repas sont relégués au rang des contingences prétextes à prendre une pause. Comment en faire une grande cause dans ce cas ? Le problème nous est étranger.

Quant à la personne qui a fait pousser ce fruit, on tombe là dans la mythologie du paysan proche de la terre et soucieux de son travail. On est plutôt ici dans le cas d'un saisonnier embauché pour deux semaines avant la période de maturité des fruits au volant de sa récolteuse tractée et automotrice à vibreur multidirectionnel, qui a son objectif de n arbres à l'heure. J'exagère bien sûr, on sait que les fruits destinés à casser les dents humaines sont cueillis à la main, sinon ils ne se vendraient pas à cause des impacts (quasi inexistants vue la dûreté des fruits, mais après 6 mois de congélation et deux bris de la chaîne du froid, ça ressort un peu).

Bref, autant le jeter ce fruit de mauvaise augure.